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Finie la soupe populiste

Boris et Vladimir s’envoient des piques. Cela ressemble au début d’une mauvaise blague dont on sait tout de suite que la chute ne sera pas drôle mais plutôt gênante. C’en est une, en fait, de mauvaise blague. Le Premier ministre britannique, qui perd décidément toujours une occasion de se taire, s’est de nouveau illustré dans le ridicule lors du dernier G7. Après avoir moqué la virilité du président russe chevauchant torse nu à travers la toundra, Boris Johnson a ainsi estimé que «si Poutine était une femme, il n’aurait jamais déclenché cette guerre folle de macho». Difficile d’en rire, face au tragique de la situation.

Étonnante comparaison des genres, par ailleurs, dans cette tournure prétendument humaniste. Rappelons, entre parenthèses, qu’il est le chef d’un gouvernement dont les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, Priti Patel et Liz Truss, tentent par tous les moyens d’expulser les migrants africains vers le Rwanda.

L’humour lourdingue du roi de la fête covid a toutefois produit son effet auprès de l’intéressé. Celui-ci ne réagit pas souvent publiquement aux apostrophes de ses adversaires. Lorsque Joe Biden l’a qualifié de «criminel de guerre» et de «boucher», après l’horreur de Boutcha, il était resté de marbre, sans froncer un sourcil, avachi dans son fauteuil. Ni chaud ni froid. En pointant sa «masculinité toxique», «BoJo» a réveillé les instincts du mâle et visiblement flatté son ego. Là, Poutine s’est redressé, fier comme jamais et sourire satisfait, pour lui répondre en convoquant l’Histoire quand, en 1982, «Margaret Thatcher a décidé de lancer l’offensive contre l’Argentine pour le contrôle des îles Malouines». Notons, c’est si rare également, qu’il ne s’arrange pas avec la vérité pour une fois.

«Elle aussi avait des visées impérialistes !», a-t-il encore argué. On vous avait prévenus, la blague n’a rien de drôle. Elle est même très sérieuse. Car elle a au moins le mérite de pousser le plus secret des agents du KGB à se révéler au grand jour. Les provocations de l’OTAN, les pauvres Ukrainiens à libérer de l’oppression nazie… finie la soupe populiste. Il fait l’aveu, enfin, de son besoin primaire de soumettre et dominer le monde en y semant la terreur.

Alexandra Parachini

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