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Fin de règne

Angela Merkel et Jean-Claude Juncker ont beaucoup de choses en commun. Tous les deux sont issus de la même famille politique. La femme politique allemande et son homologue luxembourgeois sont aussi tous les deux proeuropéens. Mais à la veille des élections législatives en Allemagne, un autre point commun doit être mentionné : la longévité à la tête de leurs gouvernements respectifs. Angela Merkel est en place depuis 16 ans, Jean-Claude Juncker s’est retrouvé pendant 18 ans aux manettes de la politique grand-ducale.

Le débat qui est actuellement mené en Allemagne rappelle fortement celui qui a entouré les élections législatives anticipées d’octobre 2013 au Luxembourg. Pour synthétiser très fortement, la question suivante est venue hanter l’esprit de l’un ou l’autre électeur, mais plus encore de son parti, le CSV : que va devenir le pays sans Jean-Claude Juncker, au pouvoir depuis 1995 ? Nous savons aujourd’hui que le changement de majorité et de Premier ministre n’a pas eu pour conséquence un effondrement du Grand-Duché. Mieux encore, le Premier ministre perpétuel a pu, sur le tard, réaliser son rêve européen. Au CSV, par contre, la fin de l’ère Juncker a laissé des traces qui plombent le parti jusqu’à aujourd’hui.

Un renvoi sur les bancs de l’opposition après le retrait d’Angela Merkel hante aussi les conservateurs allemands. La peur du vide est tellement grande que les scénarios les plus farfelus sont propagés. Perte de compétitivité, risque de voir le chômage exploser, affaiblissement de la position de l’Allemagne en Europe. Tous ces maux sont imputés à un éventuel nouveau gouvernement de gauche, emmené par les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz. «Pour que l’Allemagne reste stable, Armin Laschet doit devenir chancelier fédéral», a clamé vendredi Angela Merkel, qui jusqu’il y a peu avait fait le très sage choix de ne pas s’immiscer dans la campagne électorale.

Après des futilités, voici donc l’idéologie qui gagne la lutte à la chancellerie. Au vu des enjeux qui attendent le prochain gouvernement – en tête le combat contre le changement climatique –, la médiocrité du débat mené outre-Moselle doit alerter, même si l’orientation proeuropéenne de l’Allemagne ne sera pas mise en péril.

David Marques

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