« Faut-il battre ou non sa femme ?» Telle était la question posée par deux imams à la tribune du controversé «Salon de la femme musulmane», organisé à Pontoise, en banlieue parisienne, ce week-end. La question de trop, pour deux représentantes du groupe féministe des Femen présentes dans le public et qui ont choisi ce moment pour débouler sur la scène, comme toujours poitrines au vent et slogans peints sur le corps.
Deux femmes sacrément courageuses qui ont crié au micro, en français et en arabe : «Personne ne me soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète.» De quoi faire déborder une foule masculine qui ne s’attendait pas à un tel camouflet. Prises à parti, les deux militantes ont été traînées hors de la scène et rouées de coup au sol avant l’intervention de la police.
Car le courage des organisateurs de cette parodie de salon aura été complet. Non seulement, ils ont invité des sommités comme le prédicateur Nader Abou Anas, «connu pour avoir légitimé le viol conjugal et plus largement la soumission de la femme» selon le site change.org, mais ils ont ajouté les actes à la parole lorsque les deux Femen se sont lancées dans la bataille. Sans la présence de celles-ci, ce «Salon de la femme musulmane», auquel participaient principalement des hommes, serait passé inaperçu. Et les bons conseils des invités auraient sans doute trouvé un terreau fertile dans quelques esprits douteux. D’ailleurs, sûrs de leurs droits, les organisateurs ont annoncé qu’ils allaient porter plainte. Grand bien leur fasse.
Les Femen ont une nouvelle fois prouvé qu’elles étaient indispensables. Provocantes et arrogantes, elles savent surtout appuyer là où ça fait mal quand la société a déjà renoncé. Elles encaissent les coups, sont condamnées, mais gagnent leurs batailles. Qui aura l’audace d’affirmer qu’elles ont dépassé les limites samedi ? Il fallait oser monter sur cette scène face à ce public qu’elles savaient hostile. Leur extrémisme militant a prouvé son absolue nécessité. Et a montré sous leur vrai jour les participants à cette mascarade.
Christophe Chohin