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Fabrique du consentement ?

C’était il y a une semaine : de Syrie, pays ravagé depuis 2011 par la guerre civile, surgissent des images montrant des corps allongés par terre, grossièrement aspergés d’eau, bavant ou alors respirant à l’aide de masques à oxygène. Très vite, les experts sont d’accord pour dire qu’il s’agit d’une attaque chimique et pointent le régime de Bachar al-Assad. Pendant plusieurs jours, le monde découvre de nouveaux détails sur cette attaque, qui aura fait plus de 100 morts et 500 blessés.

Vendredi, enfin, le gouvernement Trump, à la surprise générale, ordonne le bombardement de la base aérienne d’où l’attaque aurait été lancée. Et ce, alors que quelques jours plus tôt, par le biais de son ambassadrice auprès de l’ONU, Trump avait fait savoir au monde entier que le départ de Bachar al-Assad n’était «plus» considéré comme une priorité. Que s’est-il passé ? Comment expliquer ce revirement spectaculaire de la part du président américain ? S’agit-il vraiment d’empêcher Bachar al-Assad d’utiliser des armes chimiques ? Le président a-t-il réellement été ému par la vision de «bébés morts», comme il le prétend ?

Ce qui devrait probablement nous intriguer davantage, c’est l’accueil presque unanimement favorable qu’a rencontré son action, y compris dans la presse libérale, comme le soulevait Owen Jones dans les colonnes du Guardian. Aura-t-il suffi à Trump, «largement considéré comme un proto-fasciste», de lancer «quelques bombes» pour s’attirer les «applaudissements libéraux»?, s’interroge le chroniqueur. Côté syrien en tout cas, l’attaque violant la Charte des Nations unies n’aura eu que peu d’effets : les tirs, depuis la base visée, ont entretemps repris. Les gouvernements russe et syrien avaient d’ailleurs été prévenus du raid américain…

Et si, comme ose le formuler Owen Jones, le but de l’action n’avait été que «purement symbolique» ? Un piège tendu à Bachar al-Assad comme aux libéraux opposés à Trump, dans le but de faire monter le président dans les sondages, à travers une action qui l’associe au Bien et rend dès lors plus facile de présenter la «contestation comme une trahison», comme l’analyse Owen Jones.

Frédéric Braun

Un commentaire

  1. On peut effectivement rester dubitatif.

    La bonne question est : à qui profite le crime ?

    Pas à Bachar : Les Américains venaient juste de lui lâcher la grappe et il pouvait voir l’avenir avec optimisme puisque son départ n’était plus une priorité. Pourquoi alors aller gazer un objectif considéré par tous comme non stratégique et se mettre tout le monde à dos ?

    A qui ça profite alors ? Ben à l’opposition syrienne, à la Turquie et aux états du Golfe comme l’Arabie Saoudite qui peuvent jubiler…

    Pas aux Russes, ni à l’Iran ça c’est sûr.

    A Trump ? Ben c’est sûr, il s’est refait une santé sur ce coup là.
    Plein de questions donc, peu de réponses et peu de perspectives d’une fin rapide du conflit syrien.

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