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En pensant à Nouvel an

Elles vont se retrouver sur nos tables de nouvel an, délicieux «shoots» de phosphore au cœur de l’hiver : les huîtres. Bonne nouvelle : elles se marient volontiers avec des vins de chez nous, type riesling ou pinot blanc de la Moselle. Mauvaise nouvelle : l’huître est un produit fragile, miraculeux (mais qui a eu l’idée de manger ce «caillou» un jour ?) et du coup menacé par le changement climatique.

Dans un article disponible sur notre site, on apprend que les huîtres ont besoin de l’hiver : «c’est le moment où elles se reposent», explique un ostréiculteur. On apprend aussi que les sécheresses de l’été leur sont nuisibles. Sans pluie pour transporter les sels minéraux jusqu’à la mer, «il n’y a pas de plancton, l’aliment de base des huîtres», poursuit le professionnel. Zut, 2018 aura été une année nulle à tous les niveaux pour les huîtres ! Ou plutôt 2019, etc., puisque nous mangerons chaque année des huîtres qui ont grandi pendant plusieurs années.

C’est étrange à écrire, et indécent quand on voit l’impact du changement climatique ailleurs, mais ce détail interpelle : un produit consommé par notre civilisation depuis ses origines (les Grecs votaient avec des coquilles d’huître) se retrouve menacé à quelques dizaines d’années près. Puisque l’article évoque une probable nécessité de délocaliser la production d’huîtres vers le nord. Belle allégorie de notre fuite en avant en termes d’ambitions environnementales.

Ce n’est pas la première fois que l’huître, si fragile, risque d’être décimée. Dans les années 1970, alors que les parcs français étaient ravagés par une épidémie, la production avait pu être relancée avec des naissains du Japon. C’est en revanche la première fois que l’ostréiculteur n’affronte pas les aléas terribles de l’océan, mais la nature humaine. Soit à cause de la pollution (bassin d’Arcachon), soit à cause de quelques degrés que nous n’arrivons pas à rattraper. Est-ce qu’on se rend compte de cette alerte que nous adresse un «caillou» sorti tout droit de la préhistoire ?

Hubert Gamelon

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