Hello, Goodbye. Le titre signé par les Beatles résume bien l’histoire du Royaume-Uni avec l’Europe. En 1973 est célébrée son entrée dans la Communauté économique européenne (CEE). À peine deux ans plus tard, un premier Brexit se profile à l’horizon.
Lors du référendum du 5 juin 1975, le «oui» au maintien dans la CEE l’emportera toutefois avec près de 68 % des voix. Le vent a tourné, 41 ans plus tard, en date du 23 juin 2016. Le Brexit, le vrai, est validé par une courte majorité de 52 % de Britanniques.
La Reine Elizabeth II aura vécu à la fois le mariage et le divorce de son Royaume avec la Communauté européenne. Si elle a toujours honoré son devoir constitutionnel de neutralité, il existe de nombreux indices qui montrent que la monarque était bien une Européenne convaincue. On se rappelle qu’elle avait arboré, en 2017, pour son discours d’ouverture du Parlement, un chapeau bleu orné de fleurs au cœur jaune, couleurs du drapeau européen. «Un pur hasard», clamera après coup sa styliste. Vraiment ?
Bon nombre de discours, même si validés par les gouvernements successifs, témoignent de l’enthousiasme d’Elizabeth II pour l’Europe. Ses mots prononcés lors de la visite d’État, en novembre 1976, au Luxembourg, n’ont pas pris une ride. «Comme vous, nous nous engageons à construire une Europe plus cohérente et plus unie», soulignait alors la souveraine.
Avant d’ajouter que la construction européenne «ne peut pas être réalisée uniquement par accords entre les plus grandes nations. Il est aussi important que la voix du Luxembourg soit entendue, comme celle de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne ou de l’Italie».
Toujours en 1976, la Reine a fait part de son espoir «qu’à l’avenir auront lieu beaucoup plus d’échanges entre les jeunes gens du Luxembourg, de la Grande-Bretagne et de tous les pays d’Europe. Après tout, ce sont eux, les jeunes, qui doivent construire et vivre dans l’Europe prospère, civilisée et unie que nous voudrions voir».
«Elle avait vécu le désastre de la Seconde Guerre mondiale et savait l’importance de la confiance et de la coopération entre nos pays», souligne à juste titre Charles Michel, le président du Conseil européen. La disparition d’Elizabeth II constitue aussi une immense perte pour l’UE.