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Editorial – Lanceurs d’alerte et démocratie

Sale temps pour les paradis fiscaux.

Après les révélations de l’affaire LuxLeaks sur la manière dont le Grand-Duché organise l’évasion fiscale de milliers d’entreprises, c’est autour de la Suisse de se trouver – une nouvelle fois – sous le feu des projecteurs. En cause, la manière dont une filiale helvétique du géant bancaire britannique HSBC aide et incite ses clients fortunés à dissimuler revenus et épargne aux impôts de leurs pays. La fuite des fichiers de HSBC Private Bank a été révélée dès 2009 lorsqu’un ancien employé de la banque a remis des listings au fisc français. En revanche, l’on ne connaissait pas encore l’identité de quelques fraudeurs célèbres, leur ventilation par pays et les sommes en jeu.

Ces révélations viennent en tout cas confirmer la place de plus en plus centrale jouée par les « lanceurs d’alerte », même si, dans le cas de « SwissLeaks », des doutes subsistent sur les motivations de celui qui est à l’origine des fuites.

Du soldat Manning qui avait transmis des dizaines de milliers de documents militaires à WikiLeaks, à Hervé Falciani, ces sources internes prennent à contre-pied les puissantes machines de communication mises en place par les États et les grandes entreprises pour manipuler les médias. Avec la complicité et le travail mis en commun de journaux internationaux, elles lèvent le voile sur les trésors d’hypocrisie déployés par les dirigeants politiques et économiques pour dissimuler leurs petits et grands forfaits. Poursuivies, calomniées et parfois condamnées à de très lourdes peines, elles ne bénéficient aujourd’hui pas de la protection qu’elles méritent pour services rendus à une démocratie dévoyée par ceux-là mêmes qui en ont la garde.

Au Grand-Duché, deux anciens employés de PwC risquent ainsi dix ans de prison dans le cadre de l’affaire LuxLeaks. À quelques exceptions près, les responsables politiques du pays ne s’en émeuvent pas. Ce sont pourtant ces mêmes dirigeants qui, il y a un peu plus d’un mois, péroraient pour défendre la liberté d’expression et les valeurs démocratiques après les attentats en France. Dans ce cas, nul besoin de lanceur d’alerte pour distinguer le fossé séparant paroles et actes.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


> Écrire à notre rédacteur en chef : fgrasser@lequotidien.lu

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