Écran de fumée

Ce lundi a lieu la Journée mondiale sans tabac. Comme tous les ans, la sensibilisation sur les dangers du tabagisme va crescendo. Un chiffre parmi d’autres : le tabagisme provoque 1 décès toutes les 6 secondes et tuera la moitié de ceux qui en consomment. Le Covid-19 est devenu un nouveau facteur dans la lutte contre le tabac. Le risque de tomber gravement malade et de mourir d’une infection au coronavirus est jusqu’à 50 % plus élevé pour les fumeurs que pour les non-fumeurs. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) compte plus particulièrement soutenir en cette année 2021 «les millions de personnes dans le monde, qui à l’occasion de la pandémie de Covid-19 ont décidé de renoncer au tabac».

Selon les résultats de l’enquête annuelle de TNS Ilres sur la consommation de tabac au Grand-Duché, peu de résidents luxembourgeois relèvent de cette frange de fumeurs ayant décidé de stopper la cigarette. Plus d’un quart de la population fait partie des fumeurs, un record depuis 2005. Pire : les jeunes sont les plus grands consommateurs de tabac et la tendance au sevrage tabagique est au plus bas niveau depuis 2008.

Faut-il dès lors conclure que les efforts législatifs successifs sont un échec? La généralisation de l’interdiction de fumer et vapoter dans tous les lieux publics ne semble pas avoir été suffisante pour inverser la vapeur. Le gouvernement est-il prêt à aller plus loin? Il faut tenir compte de la manne de plus de 770 millions d’euros que génère annuellement la vente de tabac dans les caisses de l’État. Mais dans cette équation, il ne faut également pas oublier le citoyen. L’importance d’être en bonne santé a pris de l’ampleur en cette période de pandémie. Néanmoins, les dangers liés au tabac, à l’alcool ou à une alimentation malsaine continuent à être pleinement assumés.

Le débat sur la légalisation du cannabis récréatif, ressuscité de ses cendres avant les vacances de la Pentecôte, ne va rien faciliter. Si la plante verte est qualifiée de moins nocive que le tabac ou l’alcool, il faudra éviter de mettre en balance ces substances qui peuvent toutes provoquer des dépendances, au prix lourd pour le concerné, mais aussi la société dans son ensemble.

David Marques