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Des poux sur la tête

Parlons un peu d’un temps que les moins de 20 ans, voire 30, ne peuvent pas connaître. Remontons donc un court instant en ce temps-là, dans les années 1980-90. La seule menace qui planait alors sur nos petites têtes encore blondes avait l’apparence de ces vilaines bébêtes s’amusant à sautiller d’un crâne à l’autre dans la cour de récré. À cloche-patte comme à la marelle. Pour nos parents, c’était le cadet de leurs soucis. Une bonne lotion à badigeonner sur les envahisseurs, un peigne aux dents longues, et la sale affaire était réglée. Parfois, malgré tout, il fallait envisager une solution plus radicale et sortir le gros sabot de la tondeuse. Combien d’entre nous, en effet, se sont retrouvés à 5 ans avec la boule à zéro, débarrassée une fois pour toutes des nuisibles. Et de la honte d’être le chat – ou le mouton – noir qui trimbale ses poux à l’école. Mais à cet âge, ça repousse. Mal et n’importe comment des années durant, mais ça repousse. Pas de quoi pour autant s’en faire des mèches blanches avant l’heure de la quarantaine.

Aujourd’hui, après des décennies de malbouffe, de plats transformés et bourrés d’additifs, de champs infestés de glyphosate et autres pesticides, ce n’est plus la même histoire. Et pour les parents, le phénomène est autrement plus inquiétant. Pour le coup, ils peuvent s’en faire des cheveux blancs. Dans ceux de nos gamins, s’agitent des polluants de toute sorte. Une récente étude du Luxembourg Institute of Health (LIH) a révélé que jusqu’à 88 substances nocives pullulent à travers leurs boucles. Le pire, c’est que l’on y retrouve la trace de produits chimiques qui n’ont pourtant jamais été utilisés au Grand-Duché! Et si cela imprègne à ce point la surface capillaire, imaginons seulement les effets à long terme dans l’organisme, en pleine croissance…

Les scientifiques et fondations œuvrant à l’enfance, à l’instar de la Kriibskrank Kanner, ont alerté les autorités. Mais n’ont trouvé qu’une oreille distraite pour le moment. Personne pour prendre le sujet à bras-le-corps et les épauler financièrement. Il ne s’agit pas là de chercher des poux sur la tête de nos dirigeants pour le plaisir. Juste de les interpeller sur un véritable enjeu de santé publique.

Alexandra Parachini