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Dépressif mais pas fou

La tragédie du crash dans les Alpes de l’avion de Germanwings a été le feuilleton de la semaine dernière.

Après que tout le monde a cru à un accident, il n’aura fallu que quelques jours pour découvrir l’innommable : un acte suicidaire du copilote. Alors il a fallu évidemment essayer de comprendre.

Pourquoi a-t-il voulu se donner la mort en entraînant plus d’une centaine d’inconnus avec lui ? La réponse ne s’est pas fait attendre. Andreas Lubitz souffrait vraisemblablement de dépression et, voilà que tout s’est éclairé, il devait même être en arrêt maladie le jour du vol !

Les médias se sont alors déchaînés : le copilote n’était pas en état de voler, il n’aurait jamais dû être pilote, la dépression l’ayant envoyé sur la montagne, entraînant le reste du vol avec lui. En seulement quelques heures, l’opprobre a été jeté sur toutes les personnes qui souffrent de maladies mentales et de dépression. D’un coup, il aurait fallu que tous les malades souffrant de dépression soient mis au ban de la société car ils représentent une menace.

Heureusement, d’autres médias ont eu l’intelligence d’interroger des spécialistes qui ont mis le holà à cette chasse à l’homme. Oui, Andreas Lubitz souffrait de dépression, mais cela ne l’empêchait pas de mener à bien son travail.

Il a aussi été certifié que, non, tous les dépressifs ne cherchent pas à se donner la mort en tuant des innocents. Cette stigmatisation des malades a été une grave erreur. Elle bafoue tous ceux qui se battent chaque jour contre la maladie, dont la grande majorité vit normalement avec un suivi et un traitement adéquats.

Les unes des journaux à sensation, comme « le fou dans le cockpit », ont dépassé les bornes. L’acte d’Andreas Lubitz doit être considéré pour ce qu’il est : un acte isolé extraordinaire. Dépressif ou pas, il a eu un geste désespéré qu’aucun professionnel n’aurait pu prédire.

Il serait trop facile de mettre son geste sur le dos de sa dépression. Si tous les dépressifs étaient susceptibles de commettre un geste pareil, les établissements spécialisés ne seraient pas assez grands pour protéger le reste de la population.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

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