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De toutes les couleurs

Élections riment avec coalition au Luxembourg. Dimanche soir, les plus organisés et les plus sûrs des élus se sont rapidement rapprochés de leurs partenaires, nouveaux ou anciens, pour un mariage de six ans. Dans d’autres communes, les discussions ont duré et vont durer un peu plus longtemps. Le système luxembourgeois est ainsi fait : on doit se mettre d’accord pour partir du bon pied et pour tenir (normalement) jusqu’aux prochaines élections. Est-ce que ce modèle est pertinent ? Oui.

Il force les nouveaux élus à l’échange, même si la coalition ne se fait pas. Il oblige aussi les candidats à une campagne électorale sobre et moins tonitruante. Certains s’en plaindront, mais cela permet de ne pas voir les têtes de liste se battre comme des chiffonniers les semaines précédant le vote. Nous avons trop d’exemples de ce type de comportements dans nos pays voisins, où le vainqueur gagne automatiquement une majorité et règne en maître sur son petit domaine.

Évidemment, le modèle luxembourgeois a aussi ses faiblesses. Ces discussions débouchent parfois sur des arrangements que l’électeur peut trouver, pour le moins, surprenants. Candidat ayant terminé en tête du scrutin mis sur la touche, loin du siège de bourgmestre, coalition baroque qui fait froncer les sourcils des électeurs, nomination de bourgmestres «à mi-temps» venant de différents partis et qui se partageront la durée de la mandature, programme électoral amputé après les négociations… la liste des effets pervers est longue. Et ce n’est pas tout.

En cette superannée électorale avec les législatives qui se profilent en octobre, les appareils politiques sont entrés encore un peu plus dans la danse : eux aussi ont leur mot à dire quand il faut choisir qui tiendra les rênes d’une commune ou encore quelle coalition constituer. La stratégie politique se mêle alors au vote des électeurs, ces derniers pouvant être parfois déboussolés. Aux élus qui ont terminé en tête de ne pas se laisser griser et de faire preuve de prudence pour éviter de frustrer, voire de vexer, ceux qui ont voté pour eux. Sinon gare à la prise de bec sur la place du marché et au retour de bâton dans six ans. La proximité des élus avec les habitants est aussi une caractéristique du pays. Mais c’est à double tranchant.

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