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Dans un mauvais film

On peut aller chercher le dossier sur ce cas de harcèlement et le décortiquer, en direct, devant tout le monde. Mais là, je pense, on ne se trouve plus dans le bon film.» Ces propos ont été tenus hier par le directeur des CFL, en réaction aux révélations du Tageblatt sur de supposés graves dysfonctionnements dans le service de vidéosurveillance du groupe.

La vraie question est : les CFL ne sont-ils pas dans un mauvais film? Le président du conseil d’administration des Chemins de fer luxembourgeois, Jeannot Waringo, a cru bon de sermonner le travail de nos confrères, sans avoir vraiment saisi la teneur des reproches formulés par des sources anonymes mais tout à fait crédibles aux yeux des journalistes. Leur intention n’était certainement pas de discréditer l’ensemble de l’effectif des CFL. Non, il s’agissait de dénoncer une attitude laxiste affichée par une poignée d’agents, chargés notamment de gérer le dispositif de vidéosurveillance. Au lieu de faire leur travail, les personnes incriminées préféraient regarder des séries sur Netflix, jouer au poker en ligne ou carrément faire la sieste.

Le pire est qu’après avoir menacé nos confrères de poursuites judiciaires, le directeur des CFL a fini par admettre, à demi-mot, que dans le cadre de ce cas de harcèlement, datant de mi-2023, les faits révélés par le Tageblatt ont bien été mis sur la table. Et il y a bien eu des sanctions disciplinaires, «allant du simple rappel à l’ordre jusqu’au licenciement». Mais au lieu de livrer dès le départ ces informations, les dirigeants ont répété à tout va que, «pour l’instant», ils n’avaient pas connaissance de tels dysfonctionnements, suppliant presque la presse de leur fournir des éléments concrets.

Une autre question se pose. Quel est l’intérêt de déployer un réseau de près de 1 500 caméras de surveillance si les images ne sont pas observées en direct? L’explication fournie hier par les responsables selon laquelle on ne vit pas dans un État policier et qu’il s’agit uniquement de miser sur l’effet dissuasif de ce dispositif semble un peu simpliste, surtout si l’on considère que la police soumet au quotidien des demandes (quelque 400 en 2023) pour obtenir du matériel vidéo, censé faire avancer des enquêtes à propos de faits survenus sur des sites surveillés par les CFL…

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