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Cinquante ans de combat

Le planning familial va fêter ses cinquante ans d’existence au Luxembourg. Un demi-siècle de lutte et de vigilance pour que le droit des femmes à disposer de leur corps soit respecté.

En 2015, on pourrait se reposer sur ses lauriers et se dire qu’il serait temps de passer à autre chose, il n’en est rien. Récemment, un planning familial du Colorado a été l’objet d’une fusillade, les militants antiavortement ne reculent désormais devant rien pour «défendre la vie»… en tuant. Une ironie qui m’échappe.

En Espagne, le dernier gouvernement a fait machine arrière pour rendre l’accès à l’IVG plus difficile, même chose pour les pays d’Europe de l’Est. En France, Marion Maréchal-Le Pen a menacé de couper les vivres du planning familial dans le Sud-Est, en cas d’élection. Elle est jeune et pourtant d’un conservatisme d’un autre âge. Ce qu’elle n’a sans doute pas compris, c’est que le planning familial fait bien autre chose que les avortements. Il est là pour conseiller, accompagner les femmes et les mamans. C’est bien souvent le dernier rempart pour les femmes qui n’ont personne vers qui se tourner, les petites gens, celles qui sont pourtant si convoitées par le Front national. Celles qui sont bien nées, qui ont le bras long s’en sortiront toujours.

En Irlande, Amnesty International mène une campagne contre des lois inscrites dans la Constitution qui mettent sur le même plan juridique un fœtus et la femme qui le porte. Cette dernière doit être en danger de mort pour qu’une grossesse soit interrompue. Résultat, une récente étude a montré que 25 000 Irlandaises ont voyagé au Royaume-Uni de 2010 à 2014 pour pouvoir avorter. Un voyage que seules certaines peuvent se permettre, un voyage qui permet à l’État et surtout à la puissante Église de fermer les yeux et de jouer les hypocrites. La série photographique « X-ile Project » met un visage sur ces Irlandaises obligées de s’exiler pour avorter.

Alors oui, cinquante ans plus tard, il faut rester vigilant, car les droits humains ne sont jamais acquis, ils restent fragiles et sont plus que jamais un peu partout remis en question.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

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