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Cartons pleins

En général, lors d’un déménagement, on en profite pour faire un bon tri dans les vieilleries qui nous encombrent, histoire de faire place nette entre de nouveaux murs. Une façon aussi de s’en aller plus légèrement vers d’autres horizons.

Donald Trump, lui, avait tout emporté en quittant malgré lui la Maison-Blanche en janvier 2021, furieux de devoir laisser la place et le pouvoir à ce voleur d’élection de Joe Biden. Il a donc gardé quelques souvenirs. Les cartons étaient archipleins. Un peu trop même, selon la justice qui a ordonné une perquisition lundi à l’aube, dans la résidence du milliardaire en Floride. Il s’agissait de récupérer des documents pour certains estampillés secret-défense, que l’ancien président n’aurait jamais dû conserver.

La descente menée par les agents de la police fédérale a certes pris la tournure d’une mise en scène spectaculaire, dans un grotesque show à l’américaine. Elle était toutefois justifiée et avait été notifiée aux services de Donald Trump. Une loi spécifique stipule en effet que tous les documents officiels d’un président en exercice doivent être transmis aux Archives nationales à son départ. Si elle ne prévoit pas véritablement de sanctions, la loi interdit bien strictement de conserver des documents classifiés. L’intéressé a immédiatement hurlé à la «persécution politique» et sa meute de fanatiques avec. Rien d’étonnant, du reste. Il le répète en boucle : ces persécutions ont pour seule visée de lui barrer la route vers un retour triomphal en 2024.

Bis repetita le lendemain, après avoir été convoqué à une audition sur des soupçons de fraudes financières au sein de la Trump Organization. Il a réagi avec la mesure et la modestie qu’on lui connaît. «Je vois la procureure générale raciste de New York pour la poursuite de la plus grande chasse aux sorcières de l’histoire des États-Unis. […] Ma formidable entreprise et moi-même sommes attaqués de toute part», s’est-il encore offusqué, jugeant que jamais aucun de ses prédécesseurs n’a fait l’objet d’un tel traitement. Peut-être parce que jamais un président ne s’est à ce point montré si peu respectueux des institutions qu’il est censé protéger. En la matière aussi, il en a rempli des cartons.

Alexandra Parachini

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