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Brique après brique

Appartement 2 chambres à Luxembourg, 180 m2, 2 chambres à coucher, 3 salles de bains. Prix de vente : 4 750 000 euros. Cette annonce publiée sur le site athome.lu a fait le tour, hier, des réseaux sociaux. Petit ajout : «Financez ce bien à partir de 20 854 euros par mois». Tentant, non ?

Qu’est-ce qui est le plus inquiétant dans cette annonce ? Le constat que le mètre carré coûte 25 000 euros au cœur de la capitale ou bien le fait que cet objet au prix exorbitant a de fortes chances de trouver un acquéreur ?

En tout cas, cette offre immobilière résume bien le déséquilibre, à la fois absurde et dangereux, qui caractérise le marché du logement au Grand-Duché. Car, à l’autre extrémité de l’échelle, on peut louer une chambre meublée pour 850 euros en pleine campagne avec salle de bains partagée. Et encore : ce loyer peut être bien plus excessif encore pour une simple chambre.

C’est donc dans ce contexte que le gouvernement va présenter ce vendredi une réforme d’envergure qui doit, enfin, endiguer la spéculation foncière, un des principaux maux du marché immobilier grand-ducal.

Jusqu’à présent, le cadre fiscal est tellement avantageux qu’il est préférable pour les propriétaires de laisser leur terrain constructible désert en attendant que sa valeur se renchérisse, d’année en année, à hauteur de milliers d’euros. Le même constat vaut pour des logements laissés vides, non pas par manque de demande, mais bien par un choix délibéré, afin de faire grimper leur prix.

La contre-attaque étatique va être composée de la réforme, en profondeur, de l’impôt foncier et d’une double nouveauté : un impôt sur la mobilisation de terrains et un impôt sur la non-occupation de logements. Les yeux seront rivés sur les montants de ces taxes, qui cibleront en priorité les grands magnats de l’immobilier. Les seuils définis seront-ils suffisamment élevés pour faire bouger les choses ?

Il s’agit sans doute d’un enjeu primordial de ce paquet législatif. Un autre obstacle majeur se profile néanmoins à l’horizon. Le Conseil d’État a déjà laissé entrevoir sa réticence à remettre en question le caractère absolu du droit de propriété. Sans l’aval des Sages, la refonte du marché du logement, bâtie brique après brique, risque de s’effondrer en pleine construction.

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