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Un accord tripartite qui va coûter cher


L’OGBL avait claqué la porte de la tripartite. Il avait refusé que l’index soit manipulé. Lors du 1er-Mai, le syndicat avait mobilisé ses militants pour préserver l’index. Le bras de fer se poursuit.  (Photo : editpress/hervé montaigu)

Après les estimations de l’inflation dévoilées mercredi par le Statec, l’OGBL s’est dit conforté ce jeudi dans sa position concernant l’index et dans son bras de fer avec le gouvernement.

Le Statec a révisé à la hausse, mercredi 4 mai, ses prévisions concernant l’inflation au Luxembourg. L’administration, «placée directement sous l’autorité du ministère de l’Économie», précise l’OGBL dans un communiqué, annonce désormais une inflation de 5,8 % pour 2022 et de 2,8 % pour 2023 (au lieu des 4,4 % pour 2022 et 1,3 % pour 2023 annoncés encore en février). «Ces chiffres viennent confirmer une tendance qui était déjà prévisible depuis plus d’un mois et confortent encore davantage la position de l’OGBL et sa décision lors de la dernière tripartite», ajoute le syndicat.

L’OGBL tient à rappeler que le «soi-disant accord tripartite» qu’il a refusé de signer, prévoit une manipulation massive de l’index allant jusqu’en 2024. Celui-ci comprend en effet, en plus du report à avril 2023 de la prochaine tranche indiciaire («d’août? de juillet? de juin?» se demande le syndicat), de retarder également à chaque fois d’au moins un an d’éventuels déclenchements supplémentaires de l’index qui pourraient encore advenir en 2022 et 2023.

Des tranches définitivement perdues

Au regard des nouvelles prévisions concernant l’inflation et «contrairement donc à ce que le gouvernement, en s’appuyant sur les analyses du Statec, assurait jusqu’à présent, également lors des négociations tripartites», la probabilité devient désormais de plus en plus grande que des tranches d’index supplémentaires soient dues en 2022 et 2023.

Il devient donc aussi de plus en plus vraisemblable pour le syndicat qu’une ou même plusieurs tranches soient définitivement perdues. En effet, sachant que la manipulation de l’index doit s’achever au 1er avril 2024, il est difficilement concevable que les entreprises versent alors l’ensemble des tranches reportées en même temps (ce qui équivaudrait à une augmentation générale des salaires de l’ordre de 5-7,5 % voire 10 % au 1er avril selon l’OGBL).

L’index n’alimente pas l’inflation

Concernant ensuite plus particulièrement l’inflation enregistrée au mois d’avril 2022, il est surprenant de constater que le Statec reprend à son compte, dans sa dernière publication, le mythe de l’autoallumage des prix dû à l’index, alors que dans d’autres études, par le passé, ce même Statec a démontré que son effet restait très limité (autour de 0,2 %) ajoute le syndicat. «Par ailleurs, si l’index boostait véritablement l’inflation comme le prétend ce mythe, l’évolution de l’inflation devrait être au Luxembourg significativement plus élevée que dans les autres pays européens», souligne l’OGBL. Ce qui n’est absolument pas le cas selon lui : ni à moyen et long terme, ni pour le mois d’avril dernier (l’Allemagne par exemple, qui ne dispose pas de système d’indexation, a connu au mois d’avril exactement le même taux d’inflation que le Luxembourg : 0,8 %).

Dans ce contexte, apparaît également un paradoxe, poursuit le texte. Le Statec annonce désormais en effet que l’inflation en 2022 et 2023 sera supérieure à ses projections initiales faites en février. Or suivant le mythe de l’autoallumage des prix dû à l’index, le retardement d’une voire de plusieurs tranches indiciaires ne devrait-il pas alors ralentir au contraire l’inflation, se demande le syndicat.

Enfin, l’OGBL constate que l’une des plus fortes augmentations des prix, survenues au mois d’avril, concerne les maisons de soins (+2 %). L’OGBL tient à souligner que lors de la récente tripartite, il a demandé explicitement à ce que les prix des maisons de soins soient plafonnés. Il s’est malheureusement heurté à un refus catégorique du gouvernement sur ce point. Pour l’OGBL, la manipulation prévue de l’index constitue une attaque frontale sur les droits des salariés et l’OGBL continuera à lutter jusqu’à ce que le gouvernement restaure enfin le mécanisme d’adaptation des salaires et des pensions à l’inflation, l’index.

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