Le Sri Lanka, en faillite jusqu’en 2026 au moins, va devoir procéder à des réformes douloureuses pour sortir du marasme économique, a annoncé son nouveau président, Ranil Wickremesinghe.
Le 8 février dernier, le président du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, a annoncé que son pays, qui a fait défaut en avril dernier sur sa dette extérieure (évaluée à 46 milliards de dollars), resterait en faillite au moins jusqu’en 2026.
Une situation qui implique la mise en place de réformes impopulaires, comme l’augmentation des impôts et la suppression des subventions pour l’électricité et le carburant, afin de sortir l’île du marasme économique et répondre aux exigences des créanciers, dont le Fonds monétaire international (FMI) avec lequel le Sri Lanka finalise un plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars. «L’introduction de nouvelles politiques fiscales est une décision politiquement impopulaire. Rappelez-vous, je ne suis pas ici pour être populaire. Je veux sortir cette nation de la crise dans laquelle elle est plongée», a déclaré le chef de l’État.
Depuis 2020, le pays est en effet plongé dans une crise économique et sociale sans précédent, résultat de plusieurs facteurs, entre autres la pandémie de Covid-19 et les différentes crises mondiales, comme le rappelle l’ambassadrice du Sri Lanka en Belgique et au Luxembourg, Grace Asirwatham, en visite au Grand-Duché : «Les réserves de change ont été épuisées en raison de la baisse des revenus du tourisme, des envois de fonds de l’emploi à l’étranger et des recettes d’exportation.»
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Textile, thé et tourisme
L’export de textile et celui de thé ainsi que le tourisme, en suspens pendant la pandémie, constituent en effet les trois principales sources de revenus du pays. Quant aux fonds envoyés depuis l’étranger par des travailleurs sri-lankais, ils représentent une ressource considérable pour le pays : environ 8 % de son PIB. Mais avec la pandémie, nombreux sont ces travailleurs qui ont perdu leur emploi. Les transferts n’ont ainsi atteint que 5,5 milliards de dollars américains en 2021, soit une baisse de 22,7 % en glissement annuel, selon la direction générale du Trésor français. Ces fonds ont cependant tendance à remonter désormais, précise l’ambassade.
«Le manque de devises a limité la capacité du pays à effectuer des paiements pour les importations», explique Grace Asirwatham. D’où des mois de pénuries de denrées alimentaires, de carburant et de médicaments, qui ont conduit à des manifestations d’une ampleur inédite pendant plusieurs mois. Jusqu’à l’invasion du palais présidentiel, le 9 juillet 2022, entraînant la fuite et la démission, quelques jours plus tard, du président d’alors, Gotabaya Rajapaksa.
«La lumière au bout du tunnel»
Depuis, la situation s’est apaisée, assure Grace Asirwatham, même s’il y a encore des mouvements de protestation dans le pays. «Bien sûr, ces réformes suscitent des mécontentements, mais rien à voir avec les manifestations massives de 2022. Comme dans tous les pays, les gens ont le droit d’exprimer leur colère et leur frustration, tant qu’ils ne font de mal à personne et ne dégradent pas les biens. C’est le signe d’une démocratie qui fonctionne. Mais ces réformes nous permettent de voir la lumière au bout du tunnel.»
D’autant que le tourisme semble reparti à la hausse. «Les revenus dégagés par l’export sont aussi prometteurs», ajoute l’ambassadrice. «Le gouvernement s’efforce également de transformer l’économie avec une vision à long terme pour créer une économie compétitive tournée vers l’exportation, une économie verte et bleue respectueuse de l’environnement et une économie numérique», fait-elle savoir.