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L’erreur est humaine

Il y a une quinzaine d’années, les réseaux sociaux révolutionnaient notre quotidien. Comme toute innovation, au début c’est exaltant et même franchement utile. On prend des nouvelles de ses proches trop loin des yeux, sans avoir à décrocher le téléphone ou tremper sa plus belle plume dans l’encrier. On se bidonne sur des posts désopilants. C’est bon enfant et surtout jamais méchant.

Et puis, ça part dans tous les sens. Il y a ceux qui partagent le moindre détail insignifiant de leur vie, ceux qui se mettent outrageusement en scène, ou ceux qui donnent leur avis sur tout et s’écharpent avec ceux qui commentent dans la surenchère. C’est agaçant, mais pas très grave. Il suffit de régler ses comptes en mode sourdine, de prendre le large pour échapper à l’abîme intellectuel.

C’est autrement plus inquiétant quand ces plateformes sans foi ni loi, reposant sur le seul modèle économique de la viralité à grande échelle, servent d’instruments de dénigrement et de propagande. Jusqu’à détruire quelqu’un ou manipuler des élections. L’arme de distraction massive cause aujourd’hui bien des dégâts. C’est notamment ce que nous enseigne l’enquête menée par le consortium international Forbidden Stories. Via l’intelligence artificielle et moyennant rétribution bien réelle, les plus mal intentionnés réussissent à influencer des médias à forte audience.

Une fake news sera toujours plus largement relayée que la vérification scrupuleuse et chronophage d’un journaliste honnête, hélas pas crédible. Notre métier est sérieusement mis à mal par ces méthodes de voyous aguerris dans le business de la désinformation. Cela nourrit la défiance de l’opinion publique envers la profession et l’on n’y peut désespérément rien.

Au moins, nos modestes rédactions sont encore à l’abri de ce type de dérives. Difficile de se cacher dans l’open space, les secrets y sont de Polichinelle. Et les lecteurs disposent d’un moyen simple pour s’assurer que de petites mains innocentes sont derrière chaque texte : il y aura toujours des tournures maladroites, des photos ratées, des coquilles oubliées… malgré toute la rigueur de celles et ceux qui veillent. Car l’erreur est humaine. Finalement, c’est une bonne chose.

Alexandra Parachini

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