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Sidérurgie en crise au Royaume-Uni, Tata Steel dans la contrainte


Pas moins de 15 000 emplois directs sont potentiellement menacés de disparition en Angleterre. (Photo AFP)

La crise de la sidérurgie britannique s’aggrave avec l’annonce par le géant indien Tata Steel qu’il envisage de vendre ses usines au Royaume-Uni, blâmant notamment la surproduction d’acier de la Chine.

A l’issue d’une réunion de son conseil d’administration à Bombay, Tata Steel a annoncé « étudier toutes les options pour restructurer son portefeuille, y compris une cession totale ou partielle de Tata Steel UK », sa filiale britannique. Avec cette décision, pas moins de 15 000 emplois directs sont potentiellement menacés de disparition dans le pays, dont un gros tiers sur le site géant de Port Talbot au Pays de Galles, dans une région déjà fragilisée économiquement.

Sous la pression des syndicats et de l’opposition travailliste, à trois mois d’un référendum crucial sur l’appartenance à l’Union européenne, le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron assure aujourd’hui envisager « toutes les options » mais n’a pas répondu aux appels des syndicats à une nationalisation temporaire. « Nous devons nous assurer de trouver un repreneur qui réussisse », a indiqué la secrétaire d’État aux entreprises, Anna Soubry. « Il y a une détermination absolue du Premier ministre et de moi-même pour que l’acier continue à être produit à Port Talbot. »

Pression de l’acier chinois

Le lent déclin de l’industrie sidérurgique britannique, amorcé dans les années 70, semble toujours plus s’accélérer, avec une série de restructurations et des milliers de suppressions d’emplois annoncées ces derniers mois. Tata Steel a répété mardi que l’activité n’était pas viable à ses yeux, avec une demande qui n’a pas récupéré depuis la crise de 2008. Le groupe a aussi blâmé « des facteurs structurels comme la surproduction mondiale d’acier, l’augmentation significative des exportations de pays tiers vers l’Europe, des coûts de fabrication élevés, la faiblesse continue de la demande en acier sur le marché domestique et une monnaie volatile ».

Concrètement, « il est impossible de passer outre ce qui se passe en Chine pour comprendre la crise de l’acier aujourd’hui », souligne Sébastien Marlier, analyste matières premières chez The Economist intelligence unit. Ce pays représente la moitié de la production mondiale d’acier, qui est de près de 1,6 milliard de tonnes par an, à comparer à seulement 10 millions de tonnes pour le Royaume-Uni. Or la demande a reculé en Chine depuis quelques années, avec le ralentissement de la production industrielle et de la construction. Mais il n’y a pas eu de réduction équivalente de la production, si bien que le surplus annuel chinois est passé de 40 millions de tonnes il y a cinq ans à plus de 100 millions de tonnes aujourd’hui.

« Ce surplus a été exporté partout dans le monde, vers les États-Unis et l’Europe, notamment le Royaume-Uni, et le fait d’avoir une quantité énorme d’acier déversé dans les pays européens a mis une forte pression à la baisse sur les prix de l’acier », érodant les marges des producteurs locaux, explique Sébastien Marlier.

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