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Fédération des artisans : « Nous n’avons aucune marge de manœuvre »


Romain Schmit a rappelé la situation critique de nombreuses PME et demande au gouvernement d’en tenir compte. (Photo : Tania Feller)

La Fédération des artisans fait sa rentrée avec une série de revendications tous azimuts et épingle au passage une longue liste de trous d’air dans la politique du gouvernement.

Oui, l’artisanat est prêt à contribuer à la lutte contre la pénurie de logements et à s’engager dans la voie de la transition écologique : il ne manque que la feuille de route du gouvernement. Voilà l’un des messages portés ce mardi par Romain Schmit, secrétaire général de la Fédération des artisans (FDA), face à la presse.

Sur le terrain du logement pour commencer, il pointe avant tout des blocages administratifs et des procédures qui n’en finissent plus : «On doit absolument parvenir à réduire les délais. Pour un projet de construction dans une commune, il s’écoule près de dix ans entre le lancement de la procédure et le début du chantier», s’agace le secrétaire général, pour qui il est crucial de ramener ce délai à un an maximum pour les parcelles dédiées au logement. «Au gouvernement de légiférer en conséquence», tranche-t-il, demandant également que les instruments existants pour mobiliser les terrains à bâtir, tels que le «Baulandvertrag» ou la taxation, soient «utilisés de manière cohérente».

Transition énergétique, rentabilité…

Autre point de crispation, la politique climatique : «En tant que secteur représentant 8 000 entreprises et 100 000 employés à l’œuvre dans la construction et la rénovation énergétique, l’artisanat assume son rôle central. Cependant, au-delà des objectifs sectoriels de réduction des émissions de CO2 qui nous ont été présentés, le gouvernement reste muet sur les mesures à instaurer tout comme sur le financement.» Or, pour Romain Schmit, il est évident que les PME ne pourront pas s’appuyer uniquement sur leurs fonds propres.

La FDA propose donc la création d’aides directes à l’investissement, des mesures fiscales et des possibilités d’amortissements accélérés pour tout ce qui touche à la transition énergétique.

Et puis, il y a ces sujets «oubliés» par le Premier ministre lors de son discours sur l’état de la Nation et qui irritent particulièrement le secteur : le manque de rentabilité, la situation des travailleurs indépendants, la pénurie des matériaux ou encore le manque de considération pour les employeurs.

«Les classements internationaux montrent que, hors secteur financier, les PME luxembourgeoises sont les moins rentables d’Europe», déplore le secrétaire général. «On nous parle de biais statistique, mais c’est une tendance lourde! Or le ministère rechigne à s’emparer du sujet.»

Pas de solution pour les indépendants

Même reproche en ce qui concerne la situation jugée discriminatoire des indépendants, seul groupe socioprofessionnel privé de revenu de remplacement durant la pandémie, «bien qu’ils payent des impôts et des cotisations sociales». Pour autant, les propositions détaillées des chambres professionnelles patronales pour garantir l’égalité de traitement ont purement et simplement été ignorées par le Premier ministre dans son discours : «On le regrette beaucoup et on ne peut pas le tolérer», lance Romain Schmit, qui compte bien revenir à la charge dans ce dossier.

Sur le front de la pénurie mondiale de matières premières et des problèmes d’approvisionnement qui en découlent, la fédération revendique la poursuite des mesures de chômage partiel en 2022 pour des secteurs spécifiques, comme l’automobile par exemple, particulièrement impacté.

Enfin, dans le volet social et la volonté du législateur d’équilibrer davantage la vie de famille et l’activité professionnelle des salariés en introduisant un «droit au temps partiel», la fédération pointe le fait que les préoccupations des employeurs ne sont pas suffisamment prises en considération. «Nous sommes favorables à cette évolution, mais nous constatons aussi que les entreprises n’ont aucune marge de manœuvre pour faire face à cette nouvelle flexibilité», rapporte le secrétaire général.

C’est pourquoi la FDA réclame notamment le droit pour les patrons de reporter toute demande de second congé parental dès que 10 % du personnel se trouve déjà sous le coup d’un aménagement du temps de travail. Une limite qui pourrait faire partie d’une renégociation globale du paquet «organisation du temps de travail» attendue par les artisans.

Christelle Brucker

Covid Check au travail : oui, mais…

Si la Fédération des artisans soutient la possibilité pour les employeurs d’instaurer le régime Covid Check, elle se dit aussi consciente des nombreux problèmes qui peuvent se poser dans sa mise en pratique : par exemple, quelle attitude adopter sur les chantiers, qui comptent de nombreux ouvriers issus de différentes entreprises, comment faire passer la mesure auprès des clients dont certains peuvent être réticents, ou encore comment s’organiser dans une même société avec des services accueillant du public et d’autres pas, à l’image d’une concession automobile et de son atelier technique? Un casse-tête pour lequel les réponses manquent encore.

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