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L’Italie sort de la récession mais sa situation reste fragile


Le taux de chômage, malgré l'amélioration, "reste très loin de niveaux d'avant la crise" (6,7% en 2008), a rappelé l'association de consommateurs Federconsumatori. (photo AP)

L’Italie a renoué avec la croissance début 2019, après un semestre de récession, une bonne nouvelle qui s’ajoute à la baisse du chômage, même si la situation de la péninsule reste précaire.

Le PIB (produit intérieur brut) italien a progressé de 0,2% au premier trimestre, après avoir reculé de 0,1% tant au troisième qu’au quatrième trimestre 2018, selon des données provisoires publiées mardi par l’Institut national des statistiques (Istat). Ce très timide retour à la croissance était anticipé depuis la publication le 10 avril des chiffres de la production industrielle, qui avaient positivement surpris avec une augmentation de 1,9% en janvier et 0,8% en février après quatre mois consécutifs de baisse.

Dans le même temps, le taux de chômage a reculé en mars de 0,4 point, atteignant désormais 10,2%. La baisse a été encore plus marquée (-1,6 point) chez les jeunes de 15 à 24 ans, où le chômage atteint son niveau le plus bas depuis octobre 2011. Il reste néanmoins toujours très au-dessus de la moyenne de la zone euro, en particulier chez les jeunes (30,2% contre 16%).

Ces annonces ont été immédiatement saluées par le gouvernement de coalition entre la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème). Elles « témoignent de la solidité et de la tenue de l’économie italienne », la troisième de la zone euro et le deuxième pays manufacturier d’Europe, a souligné le ministre de l’Économie, Giovanni Tria. Ces chiffres montrent que « la direction prise par le gouvernement est juste. Nous allons de l’avant comme un train vers le changement! », a assuré le ministre du Travail et vice-Premier ministre, Luigi Di Maio, chef de file du M5S. « Nous sommes en train de construire un marché du travail qui redonne de la stabilité aux travailleurs », a-t-il encore dit, en se félicitant des effets du « décret dignité », qui limite le recours aux contrats à durée déterminée (CDD) et pénalise licenciements et délocalisations.

Conséquence du climat économique morose, le gouvernement avait été contraint de revoir drastiquement ses prévisions il y a trois semaines. Au lieu d’une croissance de 1% en 2019, il table désormais sur 0,2%. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit lui 0,1% et certains experts ou organisations sont encore plus pessimistes, comme Oxford Economics ou l’OCDE qui pronostiquent une récession sur l’année, avec un recul du PIB respectivement de 0,1% et de 0,2%.

Le moral des Italiens est en berne

Le gouvernement italien a aussi relevé ses prévisions de déficit public à 2,4% du PIB en 2019, contre 2,04% précédemment, au risque de déclencher un nouveau conflit avec Bruxelles, qui presse le pays de réduire sa colossale dette publique (2300 milliards d’euros). Les relatifs bons chiffres de ces dernières semaines, tout comme le fait que les agences n’aient pas abaissé la notation de l’Italie dans leurs derniers bulletins, ne doivent en effet pas faire oublier les fragilités de l’économie de la péninsule, de sa dette énorme à son manque de productivité.

« La récession n’est pas terminée », estime Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et fondateur du cabinet LC Macro Advisors, en évoquant la demande en berne. « Les perspectives pour le printemps sont faibles » dans un contexte de « ralentissement des échanges mondiaux, notamment de la demande de produits italiens en Allemagne et en Turquie », a noté l’Istat.

Selon la Confindustria, la principale organisation patronale, la hausse de la production industrielle a été surtout liée « à la reconstitution des stocks », ce qui « laisse présager une nouvelle baisse à court terme ». Dans ce contexte, le moral des Italiens est en berne. L’indice de confiance des consommateurs a enregistré en avril son troisième mois consécutif de baisse, atteignant son niveau le plus bas depuis août 2017.

Le taux de chômage, malgré l’amélioration, « reste très loin de niveaux d’avant la crise » (6,7% en 2008), a rappelé l’association de consommateurs Federconsumatori, qui réclame des actions fortes, sans « se limiter à des mesures d’assistance, comme le revenu de citoyenneté », une des mesures phare prises par la coalition pour soutenir les plus démunis.

AFP

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