Le premier baromètre de l’économie pour 2022, publié par la Chambre de commerce, confirme le lourd impact de la flambée des prix de l’énergie sur l’économie nationale.
Quel est le réel impact de l’inflation et de la flambée des prix de l’énergie sur les entreprises? L’OGBL, le seul syndicat à avoir rejeté l’accord tripartite, martèle que la situation est nettement moins dramatique que ne veulent le faire croire les patrons. Le premier baromètre de l’économie pour 2022 livre des premiers éléments de réponse.
«Au lieu de se retrouver en situation de reprise, espérée fin 2021, on se retrouve face à une situation qui s’est sensiblement aggravée avec la guerre en Ukraine», souligne d’emblée Carlo Thelen, le directeur général de la Chambre de commerce. La révision à la baisse de la croissance du PIB à 2,7 % en zone euro (5,4 % en 2021) et 1,4 % au Luxembourg (6,9 % en 2021) laisse craindre le pire. Une récession n’est même plus exclue par la Commission européenne. Mais même la stagflation qui s’installe cause de grands soucis à l’économie. «La prévision de croissance peut sembler encore assez généreuse par rapport à ce que l’on a connu en pleine crise du covid. Il est toutefois très douteux que les prévisions deviennent réalité», met en garde Carlo Thelen.
Sur le terrain, l’inflation, notamment provoquée par la flambée des prix de l’énergie, fait des dégâts. Seulement la moitié des entreprises déclarent une stabilité de leur activité. «Certaines souffrent plus que d’autres», confirme Christel Chatelain, la directrice des Affaires économiques de la Chambre de commerce. Près d’un quart des entreprises indiquent pour ce premier semestre 2022 une baisse de leur activité.
Industrie, commerce et Horeca trinquent
Le baromètre de l’économie est représentatif pour l’ensemble de l’économie luxembourgeoise. Un échantillon de 564 entreprises ont été interrogées, issues de tous les secteurs d’activité. Les services financiers ont vu leur activité baisser de +40 % au second semestre 2021 à +21 % au premier semestre 2022. Le commerce (de +18 % à -4 %) et l’Horeca (de -11 % à -25 %) trinquent davantage.
La rentabilité est également en net recul, surtout dans l’industrie (-36 %), les transports (-28 %), le commerce (-19 %) et la construction (-15 %). Les prix pour l’énergie pèsent lourdement. La facture de gaz a augmenté de 84 % pour l’Horeca et de 73 % pour l’industrie. L’augmentation de l’électricité et du carburant touche tous les secteurs.
Une des conséquences directes est la baisse des investissements, notamment dans le domaine crucial de la transition écologique. «Il est un peu inquiétant de constater que seules 19 % des entreprises prévoient, en 2022 et 2023, des investissements dans le domaine environnemental», avance le ministre de l’Économie, Franz Fayot.
Face à ces nombreuses incertitudes, la Chambre de commerce et son ministre de tutelle soulignent l’importance des aides décidées lors de la récente tripartite.
Fayot ne voit pas de «besoin immédiat» à réunir la tripartite
Pour le ministre de l’Économie, Franz Fayot, il n’existe pas de «besoin immédiat» à réunir une nouvelle fois gouvernement, syndicats et patronat. Le «paquet de solidarité», né des négociations de fin mars, resterait «toujours très pertinent» car il offre, notamment, une prévisibilité de deux ans aux entreprises.
L’inflation galopante ne remettrait pas en cause les principales décisions prises, dont la «manipulation» de l’indexation. Le ministre socialiste a bien utilisé ce terme, sans toutefois remettre en question le principe même de l’index : «On est tous d’accord qu’aucune tranche indiciaire ne sera annulée.»
Si un second index tomberait en 2023, la tripartite sera convoquée afin de procéder à de nouveaux calculs sur la perte du pouvoir d’achat, à compenser par un nouveau crédit d’impôt énergie.