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L’euro chute, la fragilité de Credit Suisse inquiète pour l’économie européenne


Le principal actionnaire saoudien du Credit Suisse a déclaré qu'il ne va "absolument pas" soutenir la banque en montant davantage au capital. (photo AFP)

L’euro et les autres grandes devises européennes piquaient du nez ce mercredi face au dollar, plombées par le plongeon des valeurs bancaires en Europe alors que le premier actionnaire de la banque Credit Suisse a exclu de monter au capital.

Le risque créé pour le secteur bancaire, à la veille d’une réunion de la Banque centrale européenne (BCE), faisait perdre à l’euro 1,02 % à 1,0624 dollar, tandis que le franc suisse cédait 0,75 % à 0,9215 franc suisse pour un dollar.

Quant au titre du Credit Suisse, il aligne une troisième séance d’affilée de fortes secousses, enfonçant à nouveau un plus bas historique dans un marché déjà très nerveux à l’égard du secteur bancaire, après la faillite de la banque américaine SVB. La Banque nationale saoudienne est devenue le premier actionnaire de Credit Suisse lors d’une augmentation de capital en novembre, lancée pour financer une lourde restructuration de la banque.

Interrogé par Bloomberg TV quant à savoir si l’établissement saoudien pourrait investir davantage, son président, Ammar al-Khudairy, a clairement exclu cette option. « La réponse est absolument pas », a-t-il déclaré, « pour plusieurs raisons en plus des plus simples, qui sont réglementaires et statutaires », a -t-il ajouté. Pour sa part, le président de Credit suisse, Axel Lehmann, a affirmé que l’établissement qu’il dirige n’a pas besoin d’aide gouvernementale. Ça n’est « pas un sujet », a-t-il déclaré lors d’une conférence pour le secteur bancaire en Arabie saoudite.

« Nous avons de solides ratios financiers, un bilan solide », a-t-il insisté, assurant que la banque avait « le médicament » dont elle a besoin. Quant au patron de la banque nationale saoudienne il a expliqué : « nous détenons actuellement 9,8% de la banque. Si nous dépassons 10%, une série de nouvelles règles entrent en vigueur » et « nous ne sommes pas enclins à entrer dans un nouveau régime réglementaire. »

Au regard du droit suisse, la Finma, l’autorité de surveillance des marchés, doit se prononcer si un actionnaire d’une grande banque dépasse le seuil de 10%. La loi suisse sur les banques prévoit que « les personnes physiques ou morales qui détiennent dans une banque, directement ou indirectement, au moins 10 pour cent du capital ou des droits de vote » doivent donner « la garantie que leur influence n’est pas susceptible d’être exercée au détriment d’une gestion prudente et saine de la banque ».

Action sous les deux francs suisses 

Le franchissement de ce seuil de 10% dans la deuxième plus grande banque de Suisse pourrait susciter des remous dans le pays alpin alors que les actionnaires ont déjà vu leur participation diluée lors de l’augmentation de capital et ne cessent de voir la valeur de leur placement s’effondrer. Mercredi, l’action a perdu jusqu’à 23,6% touchant un nouveau point bas historique à 1,707 francs suisses. Le titre a perdu plus de 83% de sa valeur depuis la faillite de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début d’une série de scandales qui ont fragilisé la banque.

Certains actionnaires ont fini par jeter l’éponge à l’image de la société d’investissement américaine Harris Associates, longtemps son plus gros actionnaire, qui avait révélé la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque. Début février, Credit Suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d’euros) pour l’exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et prévenu s’attendre encore à une perte avant impôts « substantielle » en 2023.

La banque a depuis continué d’accumuler les revers. Mardi, le titre a déjà été secoué en Bourse alors que la banque a reconnu des « faiblesses substantielles » concernant ses contrôles internes pour ses rapports financiers. Les marchés sont fébriles à l’égard de Credit Suisse après les secousses déclenchées par la faillite de la banque américaine SVB, la banque helvétique étant considérée comme le maillon faible du secteur en Suisse.

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