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Les marchés mondiaux achèvent 2019 d’humeur très festive


Les incertitudes liées au Brexit et à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’étant quelque peu dissipées, les marchés se montrent optimistes. (photo AFP)

Au terme d’une année rythmée par les menaces protectionnistes, les craintes politiques et un ralentissement économique, les marchés actions finissent pourtant 2019 au firmament après avoir trouvé auprès des banques centrales un allié de poids.

« Nous avons une année 2019 assez chahutée mais en définitive plutôt favorable aux marchés actions », résume auprès de l’AFP Gilles Moëc, chef économiste du groupe Axa. Et ce, en dépit de fondamentaux qui « sont quand même assez mauvais », résultat notamment des craintes sur le commerce international. Mais la visibilité retrouvée ces derniers jours, tant sur la guerre commerciale que sur le Brexit, devraient permettre aux investisseurs de sabler le champagne pour les fêtes.

Concernant le Brexit, « le risque le plus important était le risque systémique mais dans la mesure où il y a un accord, ce n’est pas « disruptif » pour les marchés, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des conséquences économiques », estime pour sa part Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la stratégie d’investissement de Lyxor AM. La victoire électorale écrasante du Premier ministre britannique conservateur, Boris Johnson, qui ouvre a priori la voie à une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union européenne, suivie de l’annonce d’un accord commercial préliminaire entre les États-Unis et la Chine impliquant un démantèlement de certaines taxes existantes, ont ainsi permis au CAC 40 de brièvement passer lundi au-dessus des 6 000 points, un niveau inédit depuis juillet 2007. Comme son homologue parisien, le Dax allemand peut se targuer d’une progression de quelque 25% sur l’année tandis que l’indice londonien FTSE 100 affiche une hausse plus modeste d’environ 11% depuis le 1er janvier. Quant aux indices américains, leur ascension a de quoi faire pâlir : autour de 21% pour le Dow Jones, 27% pour le S&P 500 et jusqu’à 33% environ pour le Nasdaq.

Quid de la productivité de l’Allemagne et les États-Unis en 2020?

Nous avons eu « une année dominée d’abord par le protectionnisme américain », rappelle Jeanne Asseraf-Bitton. Après la trêve commerciale sino-américaine de décembre dernier, nous avons connu « un très beau début d’année et puis tout d’un coup, cela se gâte car les États-Unis commencent à être touchés » par le conflit commercial, ce qui a débouché sur une reprise des hostilités en mai. Mais le changement de ton assez soudain de l’administration américaine en fin d’année a finalement rassuré les marchés en modifiant « la balance des risques », juge Gilles Moëc, et ce, malgré des données macroéconomiques fondamentales qui, si elles ont cessé de se dégrader, ne témoignent pas encore d’un redémarrage.

C’est d’ailleurs, remarque le spécialiste, ce qui pourrait, dans la deuxième partie de 2020, « limiter les espoirs très positifs » en raison notamment de questionnements sur la productivité aux États-Unis et en Allemagne. Toutefois, « dès que les tensions sur la guerre commerciale s’apaisent, les marchés se rassurent quant au fait que la récession industrielle va rester cantonnée et du coup on retrouve des perspectives de croissance », d’où une remontée récente des marchés de taux, souligne Jeanne Asseraf-Bitton. Car la trajectoire 2019 des dettes souveraines a été celle d’une longue glissade, grâce à des banques centrales ultra-accommodantes des deux côtés de l’Atlantique. « Il y a un an, l’hypothèse de travail était que la Fed allait continuer à remonter ses taux avec une poursuite de la normalisation », ce qui « s’est complètement inversé », analyse Gilles Moëc.

Des manœuvres monétaires limitées

Quant à l’Europe, « en l’espace d’un an, nous sommes passés d’une BCE qui sortait de son programme d’achats de titres pour en arriver finalement neuf mois plus tard à un redémarrage du programme », poursuit le spécialiste. Mais pour 2020, les manœuvres monétaires devraient être limitées entre une BCE engagée, sous la houlette de sa nouvelle présidente Christine Lagarde, dans une vaste revue stratégique, et une Banque centrale américaine a priori partie pour laisser ses taux inchangés. « Surtout que les élections américaines approchant, la Fed peut ne pas vouloir avoir l’air de favoriser » un camp plutôt que l’autre, avance Jeanne Asseraf-Bitton. Car c’est aux États-Unis que les craintes politiques pourraient ressurgir l’an prochain. « J’ai peur qu’en 2020, on échange l’incertitude liée à la guerre commerciale contre l’incertitude liée au résultat de l’élection américaine », conclut Gilles Moëc.

LQ/AFP

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