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Les cosmétiques halal, un marché croissant auquel l’industrie s’adapte


Une lotion pour la peau halal appliquée sur la peau d'une femme lors d'un salon à Kuala Lumpur, en Malaisie, le 14 avril 2010. (Photo : AFP)

Un imam dans un salon international dédié aux ingrédients pour produits de beauté ? Rien de surprenant depuis que le marché mondial des cosmétiques halal, en pleine expansion, suscite l’attention grandissante des grands groupes de la cosmétique.

«Si un ingrédient d’origine animale n’est pas halal, ou s’il contient de l’alcool, il n’est pas seulement interdit de le consommer, il est aussi considéré comme impur: on ne peut pas se l’appliquer sur le visage ou sur la peau», professe le cheikh Ali Achcar dans le petit stand de HCS, un organisme de certification halal, au salon in-cosmetics, qui se tient cette semaine à Paris.

Longtemps réservé à l’alimentaire, le halal s’est progressivement intéressé aux arômes, puis aux produits d’hygiène corporelle et enfin aux produits de beauté. Pourtant, nombre de nouveaux produits cosmétiques mis sur le marché ne contiennent plus d’ingrédients d’origine animale depuis belle lurette, sur fond d’une réglementation européenne pionnière en la matière.

«La majorité des consommateurs ne le savent pas, alors quand ils voient un produit cosmétique certifié halal, ils l’achètent», assure l’imam à la barbe poivre et sel, un Coran posé en évidence sur sa petite table. «Et comme certains industriels ont des activités agro-alimentaires et cosmétiques sur un même site, nous devons nous assurer qu’il y ait une séparation nette entre ces activités, pour éviter toute contamination croisée», ajoute-t-il.

Pour l’industrie cosmétique, où il commence à avoir quelques clients, HCS fixe des prix allant de 1 500 à 2 000 euros pour l’analyse des ingrédients par sa propre équipe scientifique, installée en Suisse, sans compter d’éventuels frais de déplacement en cas d’inspections d’usines. «Certains de nos concurrents sont beaucoup plus chers», affirme le cheikh Ali Achcar, précisant que les certificats doivent être renouvelés tous les ans.

L’Oréal déjà halal en Indonésie

Il y a quelques années, les cosmétiques halal étaient un marché de niche exploité par quelques PME, en particulier dans certains pays musulmans d’Asie du Sud-Est comme l’Indonésie, la Malaisie et Singapour. Mais la taille de ce segment grossit rapidement: il pesait déjà quelque 20 milliards de dollars en 2014 et devrait doubler d’ici 2019, pour représenter 6% du marché global de la cosmétique, selon le cabinet d’analyses TechNavio.

Car «certains pays mettent en place des réglementations tendant à rendre obligatoires des certificats halal sur les produits finis en cosmétique», explique Monica Ducruet, responsable des questions de réglementation pour ingrédients cosmétiques à la filiale France de Givaudan, groupe suisse présent dans les arômes et la parfumerie. Et après l’Asie du Sud-Est, l’engouement pour la cosmétique halal commence à gagner le sous-continent indien, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Des grands groupes ont commencé à s’y adapter : L’Oréal a ainsi expliqué avoir fait certifier halal «des centaines de matières premières» et ses lignes de production concernées pour l’immense marché indonésien, qui compte 200 millions de musulmans. «Le fait que les produits halal peuvent être tracés tout au long de la chaîne de valeur est important (pour les consommateurs) en termes de garantie de qualité», selon le numéro un mondial de la chimie, l’allemand BASF, qui a fait récemment certifier halal 145 de ses ingrédients fabriqués en Allemagne et destinés à des produits de beauté et d’hygiène.

«Le problème que l’on a c’est le manque de reconnaissance entre les différents organismes certificateurs. Certains pays, comme l’Indonésie, ont établi des listes de certificateurs halal agréés, mais c’est difficile d’avoir un certificat reconnu dans plusieurs pays», selon Mme Ducruet. Par ailleurs, «certains pays ont réalisé combien d’argent ils pouvaient se faire avec les certificats halal. Pour beaucoup de gens, c’est davantage un commerce qu’une affaire de religion», déplore un connaisseur du secteur.

Le Quotidien/AFP

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