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Le textile « made in Portugal », durable et bon marché, revient à la mode


Près de Vila Nova de Famalicao, l'usine Riopele produit chaque jour quelque 40 000 mètres de tissus. (Photo : AFP)

Après la vague de délocalisations des années 2000, l’industrie textile portugaise a retrouvé des couleurs, devenant un acteur majeur en Europe grâce à sa souplesse et sa main-d’œuvre bon marché, alliées à un effort d’innovation axé sur l’environnement.

Près de Vila Nova de Famalicao, dans le district de Porto, l’usine Riopele est plongée dans le bruit assourdissant des près de deux cents machines à tisser dernier cri, qui tournent à plein régime 24 heures sur 24, six jours sur sept. Nos atouts sont la « réactivité et la capacité d’adaptation », se félicite l’ingénieur José Rosas devant une tablette numérique qui lui permet de suivre en temps réel l’activité de l’immense atelier.

Un des fleurons d’une industrie ancrée dans la vallée de l’Ave, du nom de la rivière qui traverse la région du textile, la société fondée en 1927 et son millier de salariés croulent à nouveau sous les commandes après le trou d’air provoqué par la pandémie de Covid-19.

Chaque jour, l’usine produit quelque 40 000 mètres de tissus, dont 98 % destinés à l’exportation. Elle compte parmi ses clients des groupes comme l’espagnol Inditex, propriétaire de Zara, le français SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot et Fursac) ou la marque américaine Tommy Hilfiger.

Cette clientèle valorise une « capacité à être différent » de la concurrence étrangère, explique la directrice du groupe Riopele, Albertina Reis, en citant sa capacité à utiliser de « nouvelles techniques » de production durable sans transiger sur « l’esthétique ».

Main-d’œuvre compétitive

« Le Portugal a l’avantage d’avoir une main-d’œuvre qui reste compétitive » afin de « proposer des produits de qualité à des prix raisonnables », abonde Alberto Pacanelli, président de la Confédération européenne de l’habillement et du textile (Euratex), qui a tenu son congrès annuel à Porto à la mi-octobre.

Pourtant, la filière revient de loin. Secouée par les délocalisations d’entreprises parties en Asie pour réduire leurs coûts de production, elle a perdu entre 2000 et 2015 près de 100 000 emplois sur les 235 000 recensés au début de cette période.

Depuis, le secteur s’est remis à embaucher dans un pays où le salaire minimum est actuellement de 705 euros mensuels sur 14 mois, soit l’un des plus bas de l’Union européenne, après celui des pays de l’Est.

Exportations record

L’exportation de produits textiles portugais, qui trouvent en Espagne et en France leurs principaux débouchés, a atteint l’année dernière le chiffre record de 5,4 milliards d’euros, grâce à une hausse de 16,4 % sur un an, selon l’Association du textile portugais (ATP), qui espère faire encore mieux cette année.

Ce succès ne s’explique pas seulement par les faibles coûts de production, mais aussi par la capacité de la filière à « s’adapter au marché » qui, après les perturbations dues à la crise sanitaire, préfère désormais des « chaînes de production de proximité », souligne le président de l’ATP, Jorge Machado.

« Les entreprises ont compris aussi qu’il fallait trouver les solutions et les partenariats pour réconcilier développement durable et compétitivité », thème du congrès de Porto, a-t-il ajouté.

Pour relever ce défi, la région de Vila Nova de Famalicao s’est doté depuis une trentaine d’années d’un institut technologique du textile et des vêtements (CITEVE), qui planche sur des nouvelles fibres produites à partir de matériaux recyclés ou des teintures à base de produits naturels.

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