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Le taux d’intérêt négatif sur l’épargne inquiète


L'issue de sa réunion de rentrée, jeudi, s'annonce incertaine sur fond d'inflation persistante et de croissance au ralenti.(Photo : AFP)

Le taux d’intérêt négatif sur l’épargne n’est pas appliqué par les banques luxembourgeoises aux clients particuliers. Pourtant, il inquiète dans une période où le rendement de l’épargne diminue.

Le compte épargne – ou plutôt son taux de rendement– connaît des jours difficiles, dans la mesure où le taux d’intérêt d’un tel produit est actuellement très bas avec un taux se situant autour des 0,25% voire 0,15%, bien loin des 3, 4 ou bien même 5% pratiqués il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, on parle même de la possibilité d’avoir un taux d’intérêt négatif sur l’épargne.

Donner son argent au banquier pour qu’il puisse travailler avec notre argent sans que cela nous rapporte le moindre centime, voire pire, que cela nous coûte de l’argent! Heureusement, pour le moment au Luxembourg, aucune banque n’applique un taux d’intérêt négatif sur l’épargne des particuliers, au contraire des entreprises et des institutions.

Pourtant, le concept de taux d’intérêt négatif fait de plus en plus parler dans la mesure où des pays comme le Danemark ont déjà adopté ce procédé, laissant ainsi penser que les banques de détail de la place luxembourgeoise ont forcément réfléchi à faire de même. Mais avant de s’inquiéter, il faut tenter de comprendre pourquoi la sphère bancaire en est arrivée là.

Pas la volonté des banques

«C’est vrai que c’est inhabituel, même intellectuellement, de se dire que l’on va devoir payer pour que la banque garde notre argent. On peut même se demander, dans le cas d’un taux d’intérêt négatif, s’il ne vaut mieux pas garder son argent sous le matelas», souligne Frédéric Kieffer, directeur de la banque de détail d’ING Luxembourg.

Conscient de l’inquiétude que peuvent avoir les épargnants, Frédéric Kieffer explique le contexte : «Les banques commerciales, donc de détail, ne cherchent pas cet environnement de taux négatifs. Il faut comprendre que la BCE applique un taux directeur de 0 %. Donc, pour faire très simple, quand une banque a besoin de liquidités, elle peut emprunter de l’argent à la BCE à 0 %. Mais les banques en excès de trésorerie, qui correspond à l’argent des clients, déposent tous les soirs cet excès à la BCE via la Banque centrale du Luxembourg. Ce dépôt coûte aux banques 40 points de base, c’est-à-dire 0,40 %.»

Frédéric Kieffer rapporte une autre problématique : «Lorsque l’on veut placer de l’argent sur les marchés, les taux sont négatifs jusqu’à 6 ans. Même chose sur les obligations, puisque l’obligation de référence, le Bund allemand, est négative jusqu’à presque 10 ans. Et pour finir, la BCE a mis en place la stratégie du quantitative easing (rachat massif de titres de dette). Tout cela pour dire que la BCE a injecté massivement de l’argent dans l’économie européenne et a baissé les taux au maximum afin de relancer l’économie européenne, ce qui explique pourquoi les taux sont aussi bas. Il ne faut pas croire que les taux bas viennent de la volonté des banques luxembourgeoises», explique Frédéric Kieffer.

Voilà pour le contexte. Pour faire encore plus simple, l’économie européenne a besoin que les gens puissent consommer, acheter. Pour cela, il faut les inciter, ou du moins leur donner la possibilité d’accéder à un crédit au lieu d’épargner, ce qui explique que les taux d’intérêt du compte épargne sont très faibles et pourquoi les taux pour un crédit sont également très bas.

D’autres alternatives de placement

Dans cette réflexion, on peut alors se demander si le compte épargne a un avenir, car avec un taux de rendement de 0,25 %, même un matelas de 20 000 euros ne rapporte que 50 euros par an. «C’est une très bonne question. Sans alarmer les épargnants et pour être en toute transparence, je pense que l’épargnant doit s’attendre un jour à connaître un taux d’intérêt sur son épargne de 0 %. Je suis convaincu qu’au Luxembourg le taux négatif ne touchera pas les épargnants. J’entends par là les petits épargnants, monsieur et madame Tout-le-monde. Par contre, il faut penser à d’autres alternatives de placement, même à petite échelle et il faut réfléchir à l’utilité de ce placement», assure encore Frédéric Kieffer. La banque orange a d’ailleurs mis en place depuis quelques semaines l’«Invest Plan», qui permet aux clients de la banque, suivant leur profil risque, d’investir un minimum de 50 euros sur les marchés via les Aria Lion Funds d’ING Luxembourg.

Mais attention, c’est une tout autre philosophie que celle d’un compte épargne, dans la mesure où d’un mois à l’autre, le rendement de cet investissement peut reculer. Il faut être capable de voir que l’on perd de l’argent sur des périodes courtes, tout en comprenant que sur une longue période, cet investissement peut s’avérer plus rentable qu’un compte épargne. Pas sûr que le petit épargnant, qui a travaillé dur pour mettre de côté, y arrive. «Les nouvelles générations le comprennent mieux que les anciennes qui, elles, ont connu des taux d’intérêt très élevés», conclut Frédéric Kieffer.

Jeremy Zabatta

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