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Le coronavirus donne le coup de grâce à l’A380


Ce modèle de gros-porteurs de chez Airbus ne devrait pas passer la crise. La concurrence va être très rude à tous les niveaux dans le ciel (Photo : AFP).

La crise due au coronavirus risque de donner le coup de grâce à l’Airbus A380, symbole du développement effréné du transport aérien mais déjà considéré comme pas assez rentable par des compagnies aériennes aujourd’hui à genoux.

Le géant des airs d’Airbus, fleuron industriel mais échec commercial, a tous les airs du Concorde, dont le destin avait été fracassé par le choc pétrolier des années 1970.

L’avionneur européen avait déjà prévu d’arrêter l’an prochain les livraisons de son avion géant aux 251 appareils commandés. Mais pour la plupart des 14 clients, le plus gros avion civil du monde pourrait bien ne pas retrouver du tout la voie des airs quand le trafic aérien, anéanti par la pandémie, reprendra.

Avec leurs flottes actuellement clouées au sol, les compagnies devraient voir leurs revenus chuter de 55% en 2020 par rapport à 2019, selon l’Association internationale du transport aérien (Iata). Et le trafic ne devrait pas retrouver son niveau d’avant-crise avant deux à trois ans, estime le patron de Boeing, David Calhoun. Autant de perspectives qui conduisent les compagnies à revoir leurs futurs programmes de vols. Et leur flotte.

« Les compagnies aériennes vont sortir en priorité les avions les moins efficients et les plus anciens. La question de l’A380 va se poser très clairement » bien qu’il ait effectué son premier vol il y a tout juste 15 ans, pronostique Guillaume Hue, expert en transport aérien au cabinet Archery Strategy Consulting.

Le marché des gros-porteurs déjà en surcapacité

Les premières victimes vont être « les gros-porteurs quadriréacteurs » (B747, A340) et notamment l’A380, qui « s’est montré particulièrement peu flexible, ce qui le met dans une position très difficile », abonde Rob Morris, consultant aéronautique chez Cirium.

En lançant le projet d’A380, Airbus avait misé sur le développement des « hubs » des mégapoles, desservis par un avion de très grande capacité, mais qui nécessite des aménagements et impose un taux de remplissage le plus élevé possible pour assurer la rentabilité des lignes.

Un pari raté pour l’avionneur européen. Airbus n’avait pas vu venir le tournant des biréacteurs long-courrier de moyenne capacité comme le B787 « Dreamliner » de Boeing qui misait sur le développement du point-à-point, c’est-à-dire des liaisons directes. Il a depuis répliqué avec succès avec son A350.

Expert chez Teal Group, Richard Aboulafia prédit lui un « bain de sang » pour le vaisseau amiral d’Airbus. D’autant que le marché des gros-porteurs était selon lui déjà en surcapacité avant la crise et que le trafic international va être le plus lent à remonter la pente.

AFP

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