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La vénérable alcaline ne se voit pas faiblir


Les vénérables piles cylindriques résistent! En Europe, le marché croît de 1 à 2 % par an, toutes marques confondues.  (Photo : afp)

Malgré l’essor des appareils à batterie rechargeable, le fabricant américain Duracell garde la foi en ses petites piles. Visite en usine en Belgique.

L’immense usine européenne de Duracell résonne du tac-tac des machines de compression et d’assemblage : les fêtes de fin d’année approchent, saison faste pour la vente de piles, ce petit objet vénérable qui garde de grandes ambitions. D’innombrables milliards d’unités sont ainsi écoulés chaque année dans le monde. Pour la France seule, c’étaient 515 millions en 2022, selon NielsenIQ.

À Aarschot, à l’est de Bruxelles, l’américain Duracell fabrique des piles alcalines cylindriques, les fameuses AA et AAA, destinées à l’Europe et l’Afrique : six millions sortent chaque jour de cette usine de huit hectares. Depuis les années 1960, le principe reste à peu près le même : une réaction dans un petit cylindre d’acier avec, en son cœur, une poudre de particules de zinc, explique Floris Hombroux, responsable R-D, en disséquant une AA dans le laboratoire de l’usine.

«On convertit une énergie chimique en énergie électrique. Le gel de zinc donne les électrons. Ici, nous réduisons le zinc en particules, ce qui permet d’adapter le volume au design». Aujourd’hui, ce type de piles forme toujours le gros des ventes, mais ce sont les formats plus récents, les petites piles dites «boutons», qui dopent un marché plutôt atone, note NielsenIQ. Ainsi, en France, le marché a de nouveau reculé en grande distribution cette année, en volume (-3,7 %) et en valeur (-1,6 %), selon le panéliste, qui observe «une tendance de fond».

Se différencier à tout prix

Duracell de son côté voit progresser ses piles boutons, fabriquées en Asie «au plus près des sources» de lithium, explique-t-on. Les piles rechargeables, elles, reculent (plus chères, pas adaptées à tous les usages…), mais les vénérables cylindriques résistent, insiste Arnaud Soury-Lavergne, directeur marketing de Duracell France. En Europe, le marché de la pile croît de 1 à 2 % par an, toutes marques confondues, souligne-t-il (Duracell se partageant le marché avec son compatriote Energizer, l’allemand Varta ou encore les marques de distributeurs).

En vingt ans, la productivité a doublé!

Le responsable évoque tous ces objets du quotidien toujours plus énergivores, toujours plus connectés, avec plus de fonctionnalités : jouets, domotique, dispositifs médicaux… «Le taux d’équipement fait que le volume de piles continue de grossir. On ne voit pas la AA et la AAA reculer», dit-il. Et «les dernières tempêtes en France ont montré son importance», quand le réseau électrique défaille. Mais la bonne vieille pile peut-elle encore évoluer? Et comment, pour une marque, se différencier sur les présentoirs?

Duracell a décidé d’ouvrir cette semaine son usine européenne à des journalistes, événement rare, assure-t-on. À Aarschot, la marque, passée dans de nombreuses mains avant d’être rachetée en 2016 par le conglomérat de Warren Buffett, Berkshire Hathaway, veut montrer ses atouts. Ici, elle fabrique depuis 2020 une nouvelle famille d’AA et AAA, qui se veut plus durable et puissante, grâce à un «ingrédient» tenu secret.

Écologie et diversification

Le site de production, installé depuis 1967 et orné d’effigies du célèbre lapin rose, a aussi bien changé. «En vingt ans, la productivité a doublé!», explique son directeur, Jan Casteels. Huit «lignes à grande vitesse» sont exploitées par 400 employés (deux fois moins nombreux qu’il y a 20 ans). Des caméras contrôlent la qualité, les piles sont nettoyées par laser…

Les halls se succèdent, plus ou moins bruyants : le hall cathode, le hall anode, les composants (capuchons, filaments), la production des chimies (13 différentes selon les piles), puis l’assemblage. Le processus commence avec la transformation de lingots de zinc en particules, et finit avec la pose à chaud de l’étiquette isolante. Duracell fait valoir son engagement environnemental : 8 000 panneaux solaires tout neufs, consommation énergétique de -20 % en quatre ans (LED, toit isolé, machines plus efficaces), emballages faits uniquement de carton…

En revanche, la marque ne dispose pas d’analyse du cycle de vie de ses produits, ni de bilan carbone. C’est prévu l’an prochain, selon Arnaud Soury-Lavergne. Duracell, qui ne livre pas le détail de ses revenus, n’indique pas non plus l’origine des métaux qu’elle emploie. En revanche, on apprendra qu’elle voit désormais au-delà de l’alcaline. Dans un monde qui s’annonce très électrique, elle propose aux États-Unis des systèmes de batteries permettant de stocker le courant issu des panneaux solaires. Cette offre doit arriver bientôt en Europe.

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