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Finance : l’Aleba perd sa représentativité sectorielle


«Il y a une volonté d'éliminer l'Aleba», estime le syndicat qui domine dans la finance luxembourgeoise (photo d'illustration : Julien Garroy).

Le ministre du Travail, Dan Kersch, a donné raison, vendredi, à l’OGBLet au LCGB dans le conflit syndical de la place financière.

«C’est un triste jour pour la liberté syndicale.» Les mots sont durs. Ils sont de l’Association luxembourgeoise des employés de banque et assurance. L’Aleba réagit à la décision de Dan Kersch tombée vendredi. Le ministre du Travail a décidé de retirer au syndicat sa représentativité sectorielle. L’Aleba la détenait depuis 2005.

Cette décision de Dan Kersch fait suite à une demande de la part du LCGB et de l’OGBL en novembre dernier alors que les résultats des élections sociales de 2019 étaient les suivants : dans le groupe 4, l’Aleba avait obtenu 49,22 % des suffrages contre 31,58 % pour l’OGBL et 19,2 % pour le LCGB. «En 2019, nous n’avions pas de raison de contester la représentativité sectorielle de l’Aleba, on a toujours travaillé ensemble, confie Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l’OGBL et responsable de l’OGBL-SBA. Mais en novembre dernier, l’Aleba a décidé de faire cavalier seul» en annonçant avoir trouvé un accord avec l’ABBL et l’ACA en ce qui concerne les conventions collectives du travail dans le secteur des banques et dans celui des assurances. Résultat, l’OGBL et le LCGB ont décidé de contester la représentativité sectorielle de l’Aleba.

L’Inspection du travail et des mines (ITM) a fait une enquête et Dan Kersch a tranché. «Nous n’avons reçu que douze petites questions de la part de l’ITM, avance Laurent Mertz, le secrétaire général de l’Aleba. J’ai l’impression que le dossier était à charge.» L’Aleba ne compte pas en rester là et a décidé d’entamer, fait-elle savoir par communiqué, «les démarches au niveau national et international pour que cette légitime représentativité lui soit reconnue et rétablie. En effet, Il ne peut être question que sur la base d’une loi discriminatoire, les seuls syndicats nationaux – qui ne réunissent que 26 % des suffrages dans les entreprises – puissent se prévaloir de représenter tous les salariés du secteur financier, ou exclure le premier syndicat de la place financière».

«On tend la main à l’Aleba»

Laurent Mertz poursuit : «Je ne suis pas étonné qu’il y ait eu une décision, puisque ce processus, permis par la loi, était entamé. Mais je ne vous cache pas que je suis fâché. Il y a une volonté d’éliminer l’Aleba. Dans tous les autres secteurs, ils (NDLR : l’OGBL et le LCGB) ne sont jamais d’accord sur rien. Mais ici ils sont ensemble contre nous. Nous allons continuer de nous battre pour notre indépendance et nos membres.»

De son côté, Véronique Eischen estime que la décision de Dan Kersch «n’est pas une victoire» pour l’OGBL et le LCGB. «Nous avons fait une demande au ministre, qui n’a rien fait d’autre que de confirmer les résultats de 2019, estime-t-elle. La seule chose qui change est que l’Aleba ne peut plus signer seule. Aujourd’hui, on tend la main à l’Aleba. Notre porte leur est ouverte pour nous réunir tous ensemble afin d’établir un catalogue commun de revendications dans le cadre des négociations en cours» pour le renouvellement de la convention collective du secteur de la banque et de celle du secteur des assurances.

Car pour le moment et après cinq réunions entre l’ABBL et les syndicats pour le secteur de la banque et cinq réunions entre l’ACA et les syndicats pour le secteur de l’assurance, les discussions sont toujours «tendues» et patronats et syndicats sont encore loin d’un accord. Les prochaines réunions sont programmées mercredi pour le secteur de la banque et le jeudi 18 mars pour le secteur de l’assurance.

G. Ch.

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