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La fin du roaming au Luxembourg est entamée


L'eurodéputée Viviane Reding et Laurent Moser, député CSV. (Photo : CSV)

Join Experience est le premier acteur luxembourgeois à abolir les frais d’itinérance. L’initiative ravit le CSV, qui demande au gouvernement d’aller plus loin.

À quelques mois de la présidence luxembourgeoise de l’UE, Viviane Reding et Laurent Moser (CSV) souhaitent que la fin du roaming soit généralisée au Luxembourg.

Le dossier du roaming, qui désigne l’accord international entre deux opérateurs téléphoniques ayant pour but de permettre à un abonné de continuer à utiliser son abonnement à l’étranger, est un serpent de mer européen. Contre toute attente, le Luxembourg et la Belgique viennent de faire tomber les frais liés au roaming, enfin presque.

Depuis 2007, la Commission européenne lutte contre le lobbying des opérateurs téléphoniques mobilisés contre le prix excessif d’une communication (voix, SMS et data internet) vers ou depuis un pays européen autre que celui de l’opérateur du client. Après un plafonnement des tarifs d’itinérance (roaming en anglais), puis l’adoption de plusieurs règlements européens en 2009 et 2012 ayant pour but de diminuer progressivement les frais d’itinérance, pour les voir disparaître en 2015. Sous l’impulsion de Neelie Kroes, commissaire européenne au Numérique, le Parlement européen avait voté en avril dernier, la disparition pure et simple de cette surfacturation. À l’époque, la commissaire précisait que le principe du roaming était dépassé dans une Union à l’aube de la création d’un marché numérique unique.

Le roaming, une «vache à lait»

C’était compter sans les lobbyistes qui ont poussé les États à demander à la Commission d’évaluer d’ici à 2018 les conséquences sur le marché et les moyens à mettre en place pour éliminer les frais d’itinérance. Autrement dit, trouver un moyen pour repousser la date de la fin du roaming et profiter de la manne financière que rapportent ces frais aux opérateurs pendant trois ans. «Les frais d’itinérance ne sont rien de plus que la vache à lait des opérateurs au détriment des consommateurs», s’est insurgé, hier, Viviane Reding.

Si les opérateurs savent que le jour où cette vache ne donnera plus de lait approche, très rares sont ceux qui l’anticipent. Pourtant, sur l’initiative du dernier arrivé sur le marché de la téléphonie au Luxembourg, Join Experience, le régulateur grand-ducal (l’IRL) et son homologue belge (l’IBPT) sont arrivés à un accord abolissant les frais d’itinérance. Autrement dit, plus de surfacturation lorsqu’on téléphonera à Bruxelles ou d’Anvers.

«Cette initiative privée va dans le bon sens, celui de la politique européenne, qui est par essence et par définition en interaction avec la politique nationale», a assuré l’eurodéputée Viviane Reding en présence du député CSV, Laurent Mosar. Ce dernier a clairement posé le débat en se demandant : «Si le roaming peut être aboli entre deux pays comme la Belgique et le Luxembourg, pourquoi ne le serait-il pas dans toute l’Union européenne?»

L’eurodéputée et le député ont fait front commun, voulant souligner que la politique européenne n’est que le prolongement de la politique nationale. Au passage, Viviane Reding a égratigné la frilosité du gouvernement actuel qui est encore sceptique sur les avantages de l’abolition des frais d’itinérance. «Pour le moment, le Conseil estime qu’une fin brutale de ces frais toucherait énormément le portefeuille du consommateur et dit avoir peur que les opérateurs répercutent le manque à gagner par une hausse de la facture de téléphone», a souligné Viviane Reding. Laurent Mosar enchaîne : «Pourtant, le régulateur belge a affirmé que l’arrêt du roaming offrirait de nombreux avantages tant pour le consommateur que les opérateurs. La position du Conseil est donc tout simplement incompréhensible.»

Pour le moment, seul Join Experience a signé l’accord abolissant les frais d’itinérance et uniquement sur le réseau belge de l’opérateur BASE. Il faudra regarder de près la réaction et le positionnement des autres opérateurs du pays dans les prochains jours. Tango et Orange Luxembourg proposent des abonnements spécifiques pour les frontaliers, mais ils facturent les frais d’itinérance en respectant les tarifs européens.

Jeremy Zabatta

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