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[Eurogroupe] Gramegna : «Je veux trouver des compromis entre petits et grands pays»


Diplomate né, fin négociateur, Pierre Gramegna se verrait bien endosser le costume de président de l'Eurogroupe. (Photo : archives LQ/Julien Garoy)

Alors que l’Eurogroupe doit se choisir un nouveau président ce jeudi, le ministre des Finances luxembourgeois a accordé un long entretien téléphonique au Welt.

Engagé dans un match à trois avec la favorite des sondages, l’Espagnole Nadia Calvino, et l’Irlandais Paschal Donohoe, Pierre Gramegna explique notamment pourquoi il est le candidat idoine pour succéder au Portugais Mario Centeno. Dans les colonnes du Welt, le challenger luxembourgeois met en avant son expérience et sa longue pratique de la négociation.

«Honnêtement, être président de l’Eurogroupe est une tâche ingrate. Surtout, cela représente une charge de travail importante, estime Pierre Gramgena. (…) Mais je pense avoir l’expérience nécessaire pour occuper ce poste. Après tout, cela fait maintenant 6 ans et demi que je suis membre de l’Eurogroupe. Je me souviens encore de ma toute première rencontre avec les ministres des Finances européens en décembre 2013. À ce moment-là,  nous nous sommes solennellement mis d’accord sur les principes de base de l’Union bancaire. Pour autant, il n’y a pas de quoi fanfaronner.»

«Crise de l’euro, crise grecque, crise du coronavirus, j’ai tout traversé. Je suis diplomate de carrière, j’ai dirigé des réunions du Conseil de l’UE sur les questions économiques et financières pendant la présidence luxembourgeoise en 2015, j’ai été ambassadeur au Japon et consul général aux États-Unis, je connais donc nos concurrents mondiaux. Tout cela aide. Mais je veux surtout écouter tout le monde de la manière la plus neutre possible et trouver des compromis entre petits et grands (NDLR : pays de l’UE), nord et sud, est et ouest. Je veux diriger le groupe sans programme national ou caché.»

Avant d’ajouter : «Je suis le candidat soutenu par le Benelux. C’est sûr, cela donne un certain poids à ma candidature. Certes, nous ne sommes pas toujours d’accord les uns avec les autres, mais nous trouvons toujours des compromis. C’est pourquoi nous trois (NDLR : la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg) sommes souvent le lien entre l’Allemagne et la France, adoptons un rôle de médiateur.»

«Une politique monétaire commune, c’est le noyau dur de l’Europe»

«L’Eurogroupe n’est en aucun cas un modèle dépassé. Les 19 pays qui ont adopté l’euro partagent une politique monétaire commune; c’est le noyau dur de l’Europe. Et il est bon que l’Eurogroupe tende la main et parle à ceux qui ne sont pas encore dans la zone euro, surtout lorsque les décisions des 19 ont un impact sur les autres.»

«Les nouvelles taxes européennes ? Je les vois d’une manière très positive»

«En fait, je vois les nouvelles taxes européennes d’une manière très positive, surtout si elles sont liées à des objectifs plus élevés tels que la protection du climat. Par exemple, je pourrais imaginer une taxe sur les plastiques. Je peux aussi envisager une taxe sur le kérosène. Nous pouvons soutenir un certain nombre de propositions dès que nous connaissons mieux les détails. Nous devons considérer tout ce qui nous aide à atteindre nos objectifs climatiques ambitieux.»

«Le Luxembourg a changé sa politique fiscale»

Certains observateurs estiment que la politique fiscale attrayante du Luxembourg à destination des multinationales (Google, Fage…) pourrait coûter la présidence de l’Eurogroupe à Pierre Gramegna. Le ministre des Finances luxembourgeois s’en défend : «Le Luxembourg a considérablement modifié sa politique fiscale pendant mon mandat. Nous avons soutenu les deux directives sur l’évasion fiscale au niveau de l’UE et les avons mises en œuvre au Grand-Duché. Nous avons changé toutes les règles comme le souhaitait l’UE et comme le prévoit l’accord BEPS de l’OCDE sur la transparence fiscale. Le Luxembourg de 2020 n’a plus grand-chose à voir avec le Luxembourg de 2012 en termes d’impôts.»

I. B.-H.

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