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Et si la croissance levait le pied ?


La hausse récente de l'inflation est essentiellement due au renchérissement du pétrole que l'on observe depuis le début de l'année. (illustration AFP)

En 2019, les croissances des États-Unis et de la zone euro pourraient ralentir, selon Yves Nosbusch, économiste en chef de la banque BGL BNP Paribas.

Yves Nosbusch commence par planter le décor en délivrant quelques éléments clés. Dans la zone euro, l’indicateur de confiance PMI (les enquêtes auprès des directeurs d’achat dans les entreprises) est en recul par rapport à 2017. Mais rien de grave, il reste bien au-dessus de 50, le niveau neutre. Les prévisions de croissance pour la zone euro sont de 2% pour 2018, après 2,5% l’an dernier.

Aux États-Unis, l’ISM non manufacturier, l’équivalent de l’indice PMI, «n’a jamais été aussi haut», note l’économiste. Cette position de l’indicateur reflète «un optimisme très important». En outre, les bénéfices des entreprises américaines ont augmenté depuis un an grâce aux baisses d’impôts de l’administration Trump. Les prévisions tablent sur une croissance de 2,8% cette année, après 2,2% en 2017.

« Coup de fouet » transitoire

L’autre composante à prendre en compte, c’est l’inflation. Dans la zone euro, elle a dépassé les 2% en un an. Elle est même au plus haut depuis six ans. Cette hausse récente de l’inflation est essentiellement due au renchérissement du pétrole que l’on observe depuis le début de l’année. «La grande majorité de la hausse de l’inflation vient de l’énergie et un peu de l’alimentation», souligne Yves Nosbusch. D’après ce dernier, les entreprises ont actuellement du mal à recruter du personnel qualifié et les salaires n’accélèrent pas.

Pour la Banque centrale européenne (BCE), l’inflation sous-jacente va augmenter, les salaires aussi. La banque va sans doute arrêter d’augmenter la taille de son bilan à partir de janvier 2019. Néanmoins, elle reste prudente. Les taux directeurs devraient grimper à l’automne de l’année prochaine.

Revenant sur la situation très favorable aux États-Unis (économie tournant à plein régime, taux de chômage à 3,7% en septembre, le plus bas depuis décembre 1969), Yves Nosbusch pense que cet effet «coup de fouet» lié aux baisses d’impôt sera transitoire. On peut s’attendre à un ralentissement «assez net» de la croissance en 2019, qui enregistrerait un taux de 1,8% contre 2,8% aujourd’hui. Le PCE (Personal Consumption Expenditures), l’un des moyens de mesurer l’inflation sous-jacente, s’approche des 2%. Quant à la Réserve fédérale américaine, elle est engagée dans un cycle de hausse des taux. Les taux à court terme ont été relevés de 2 points de pourcentage depuis fin 2015. Et, dans l’état actuel des choses, on pourrait s’attendre une nouvelle hausse de 0,25% à la fin 2018.

Aude Forestier

Le Luxembourg suit la tendance

Yves Nosbusch affirme que l’économie luxembourgeoise est fortement dépendante de l’économie européenne. La tendance actuelle dans la zone euro (taux de chômage en baisse, par exemple) se retrouve au Luxembourg (taux de chômage en baisse depuis plusieurs mois, proche du plein-emploi, -5,5%).

Concernant la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, l’économiste pense qu’il n’y aura pas de vrai conflit commercial et que son impact sera limité.

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