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Entre UE et États-Unis la guerre commerciale est déclarée


"Si nous avons choisi des produits comme les Harley-Davidson, le beurre de cacahuète, le bourbon, c'est parce qu'il y a des alternatives sur le marché européen", justifie la Commission. (illustration AFP)

La guerre commerciale est déclarée entre les États-Unis et l’Union européenne, après l’entrée en vigueur de droits de douane additionnels en Europe sur des dizaines de produits américains, comme les jeans, le bourbon ou les motos.

Ces nouvelles taxes, officiellement imposées depuis vendredi minuit, heure de Bruxelles, se veulent la réponse des Européens aux taxes de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium imposées par les États-Unis à la plupart des pays du monde, dont certains de leurs alliés. « La décision unilatérale et injustifiée des États-Unis » d’imposer ces droits de douane « ne nous laisse pas d’autre choix », a insisté cette semaine la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström. « Les règles du commerce international ne peuvent être violées sans réaction de notre part », a ajouté Cecilia Malmström, précisant que « si les États-Unis supprimaient leurs tarifs douaniers », les mesures européennes seraient « également supprimées ».

Avant l’UE, le Mexique, également concerné, avait déjà mis en place début juin des mesures de rétorsion contre Washington, et le le Canada compte le faire début juillet. Les Européens sont par ailleurs pris dans le feu croisé entre la Chine et les États-Unis, également engagés dans une surenchère de mesures protectionnistes et de menaces de rétorsion. « M. Trump a ouvert deux fronts (commerciaux) et les deux pourraient connaître une escalade échappant à tout contrôle », a dit l’expert John Ferguson (Economist Intelligence Unit).

L’Allemagne, grande exportatrice, voit déjà ses prévisions de croissance se tasser, pour cause de climat des affaires en berne au niveau mondial, alors même que ses exportations ne sont que marginalement touchées jusqu’ici par des mesures américaines. Il en ira tout autrement si Donald Trump mettait à exécution une autre menace, celle de taxer directement les voitures importées aux États-Unis – ce qui porterait tout particulièrement préjudice aux constructeurs japonais et allemands.

« Forte portée symbolique »

Les taxes imposées par l’UE s’appliquent sur une liste de biens fabriqués aux États-Unis, comme des produits agricoles (riz, maïs, tabac…), en acier, ainsi que des véhicules (motos, bateaux…) ou du textile. « Si nous avons choisi des produits comme les Harley-Davidson, le beurre de cacahuète, le bourbon, c’est parce qu’il y a des alternatives sur le marché (européen). Nous ne voulons rien faire qui puisse nuire aux consommateurs », a expliqué jeudi le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen. « De plus, ces produits auront politiquement une forte portée symbolique », a-t-il argué.

Les Européens ont longtemps espéré échapper aux taxes punitives annoncées en mars par Donald Trump. Mais après deux exemptions temporaires et des tentatives de discussions commerciales avec Washington, l’UE a finalement vu ces taxes s’appliquer le 1er juin. Dans la foulée, les Européens ont déposé une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils comptent aussi instaurer des mesures dites « de sauvegarde » pour protéger leur marché de l’acier et de l’aluminium étrangers qui ne trouveraient plus de débouchés aux États-Unis.

Les mesures de rétorsion appliquées depuis vendredi sur les produits américains correspondent, en valeur, aux dommages causés par la décision américaine sur les exportations européennes d’acier et d’aluminium vers les États-Unis, soit un total de 6,4 milliards d’euros en 2017. L’UE exercera d’abord ses droits sur les biens américains à hauteur de 2,8 milliards d’euros. Le rééquilibrage sur les 3,6 milliards d’euros restants aura lieu soit dans trois ans, soit après une éventuelle victoire des Européens dans leur recours devant l’OMC.

Le Quotidien/AFP

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