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En Belgique, le virus met la pression sur les brasseurs


L'avenir se fait trouble pour la bière belge. (photo AFP)

Conséquence de la pandémie, la vie sociale est limitée, les cafés ferment et les stocks de bière invendue s’accumulent en Belgique, au grand dam d’un secteur brassicole qui pèse plusieurs milliards d’euros et crie à la « catastrophe ».

Alors que s’est amorcée une deuxième vague d’infections au coronavirus, les autorités belges ont décidé la semaine dernière de fermer les débits de boisson pour au moins un mois dans la région de Bruxelles, et d’imposer le rideau baissé à 23h partout ailleurs.

« La nouvelle a fait l’effet d’une météorite qui nous serait tombée sur la tête », confie Yvan De Baets, cofondateur de la Brasserie de la Senne à Bruxelles, jeune PME d’une vingtaine de salariés qui vend 90% de sa production aux cafés, surtout dans la capitale.

Le confinement du printemps (du 14 mars au 8 juin pour les cafés et restaurants) laissait déjà craindre un recul d’un tiers du chiffre d’affaires annuel pour ce brasseur. Désormais, il dit redouter une chute de moitié de ses ventes si les cafés ne rouvrent pas à Bruxelles avant la fin de l’année, ce que personne n’exclut dans le secteur.

Des groupes comme AB InBev, numéro un mondial qui produit en Belgique ses « pils » Stella-Artois et Jupiler, Alken-Maes (filiale du géant néerlandais Heineken), Duvel Moortgat ou Palm, semblent mieux taillés pour résister à la crise. Mais la fédération des Brasseurs belges assure que parmi sa centaine d’affiliés, gros et petits, « tout le monde souffre », notamment à cause du recul des exportations vers la Chine, les États-Unis et le Canada.

1% du Produit intérieur brut

Classée depuis 2017 au patrimoine mondial de l’Unesco, la bière produite en Belgique (soit plus de 25 millions d’hectolitres en 2019) est destinée à l’export à hauteur de 70%. Et le ralentissement des échanges internationaux ne l’a pas épargnée. Sur le sol belge, où sont recensées 340 brasseries, la situation est d’autant plus complexe que nombre d’entre elles gèrent elles-mêmes des débits de boissons.

Et l’annonce des nouvelles mesures de fermeture, sur fond de rebond des hospitalisations liées au virus, a été synonyme de « désespoir », « catastrophe », « bérézina » pour les brasseurs.

A Lembeek, dans la campagne flamande au sud-ouest de Bruxelles, la brasserie Boon a dû recourir au chômage temporaire pour conserver ses effectifs pendant le confinement. Sans ce système – qui garantit au salarié un revenu de remplacement pour les jours d’inactivité forcée – « nos coûts de main-d’œuvre auraient certainement été trop élevés cette année », explique Karel Boon, responsable des ventes dans cette entreprise fondée par son père Frank en 1975. Connue pour ses bières Gueuze et Kriek à fermentation spontanée (sans ajout de levures), la marque a toutefois conscience de faire plutôt partie des privilégiés du monde brassicole.

En Belgique, le secteur brassicole emploie quelque 6 500 personnes directement et plus de 50 000 indirectement, selon la fédération des brasseurs, née au XIIIe siècle. Sa contribution à l’économie belge a été estimée à 4 milliards d’euros, soit 1% du Produit intérieur brut, d’après le dernier rapport annuel.

LQ/AFP

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