La perspective de trouver un emploi attire de plus en plus de frontaliers français. Cela tombe bien puisqu’il s’agit d’une main-d’œuvre dont ne peut se passer le Grand-Duché, qui tente de maintenir son attractivité. Cet article est issu d’un dossier réalisé avec nos confrères du Républicain lorrain sur l’origine des travailleurs frontaliers paru ce jour.
Avec le salaire minimum le plus élevé dans l’Union européenne, des prestations familiales et des retraites avantageuses, sans oublier un environnement de travail multiculturel, le pays séduit toujours les frontaliers, surtout français. Mais pas suffisamment, puisque quelque 7 000 postes sont déclarés vacants auprès de l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem).
Pour remédier à cette situation, l’Adem a organisé, en 2023, 22 jobdays et participé à 23 évènements dédiés à l’emploi. Certains se tenaient à l’étranger, tout proche des frontières du Grand-Duché, à Thionville ou Sarrebruck… L’objectif étant de mettre en contact directement recruteurs et demandeurs d’emploi – inscrits ou non comme tels –, mais aussi de faire connaître le Luxembourg autrement que comme place financière.
Des initiatives qui rencontrent un vif succès, selon Eures, le réseau de services publics européens de l’emploi , hébergé au Luxembourg auprès de l’Adem. En plus de ces évènements, les deux institutions postent sur leurs sites des annonces pour des emplois à pourvoir, consultables par tous. D’ailleurs, toute personne à la recherche d’un job au Grand-Duché peut s’inscrire à l’Adem, frontalier compris.
Des emplois «très en pénurie»
Coté entreprises, pour recruter, la plupart ont mis en place 34 jours de télétravail annuels, certaines délocalisent leurs locaux près des frontières, d’autres – rares – expérimentent la semaine de 32 heures… Dans le secteur de l’Horeca, lui aussi en manque cruel de main-d’œuvre, des restaurateurs n’hésitent plus à proposer d’emblée un CDI, la semaine de quatre jours et des horaires de travail en continu.
Malgré ces initiatives, les métiers de l’ingénierie comme ceux de la santé ou de la restauration figurent sur la liste des postes « très en pénurie » parue au Journal officiel au 1ᵉʳ septembre 2023. « Tout le monde cherche des profils similaires », soupire-t-on chez Eures. Et « malheureusement, rien de particulier n’est fait pour attirer les frontaliers», glisse ce manager d’une entreprise d’informatique à Belval, à deux pas de la frontière française, qui préfère garder l’anonymat. «Nous devons souvent recruter bien loin et gérer les demandes de permis de travail », poursuit-il, tandis que sur le site internet de la compagnie, la liste des postes à pourvoir est longue comme le bras.