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Dette européenne : le budget italien va-t-il rompre l’équilibre retrouvé ?


"Si l'Italie trébuchait, le mécanisme européen de stabilité (ESM) ne suffirait pas", estime un expert de chez HSBC (Photo : AFP).

Le budget italien va-t-il rompre l’équilibre retrouvé depuis la crise de la dette? A deux jours de la fin du suspense, le marché obligataire européen retient son souffle car s’il se porte bien, il n’a pas réglé tous ses problèmes.

Pour l’heure, les investisseurs ne veulent pas croire que le gouvernement italien s’affranchira des contraintes européennes et le marché dans sa globalité résiste.  « L’exécutif italien a un peu de mal à réconcilier les promesses de campagne et les règles budgétaires européennes, mais il semble essayer de rester dans les clous et à court terme les marchés ne devraient donc pas s’affoler », estime Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

A ce stade, ajoute-t-elle, il est en outre « très clair » qu’il n’y a pas de contagion. « Les problèmes italiens n’entraînent pas dans leur sillage l’Espagne et le Portugal », affirme également Frédéric Gabizon, responsable pour le marché obligataire chez HSBC. Près de huit ans après la crise de la dette, avec le soutien massif de la Banque centrale européenne, la zone euro a clairement fait la preuve de sa résilience et symbole s’il en est, la Grèce, à l’origine du séisme, est officiellement sortie en août des plans d’aide. Mais les tensions qui affectent la dette italienne depuis l’arrivée d’un gouvernement populiste et eurosceptique, réunissant le Mouvement 5 étoiles et la Ligue mettent en lumière des fragilités persistantes et des situations contrastées en zone euro.

Espagne et Portugal bons élèves

L’Espagne et le Portugal font sans conteste figures de bons élèves avec un « redressement spectaculaire », selon les experts. « La Catalogne reste toutefois un caillou dans la chaussure de l’Espagne, tout comme ses liens avec les économies d’Amérique latine. En cas de crise violente dans les pays émergents, l’Espagne serait beaucoup plus inquiétée que l’Italie », souligne Eric Vanraes, gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza. « La Grèce a réussi à s’en sortir au sens noble du terme.

Elle n’est plus dans le programme d’aide, elle est revenue avec des succès certains sur les marchés, mais elle est toujours en convalescence et reste attentivement surveillée par les investisseurs », résume Frédéric Gabizon. La France a une dette en circulation importante et est toujours surveillée par Bruxelles en raison de son déficit structurel excessif. « Mais la dette française est très bien gérée, elle est diversifiée et reste dans le sillage de l’Allemagne », note Eric Vanraes.

Avec la crise, l’Allemagne s’est imposée de son côté comme la référence en Europe et avec des taux négatifs pour une large partie de ses emprunts, ses finances publiques ont largement bénéficié de la tourmente. Ses excédents budgétaires « excessifs » ont toutefois été pointés du doigts par le FMI en juillet. « En valeur absolue c’est le plus large excédent connu dans l’histoire mondiale depuis au moins la Seconde Guerre mondiale » et dans le contexte actuel de tensions commerciales, « ce qui a été une source de grande prospérité pour le pays peut devenir une source de vulnérabilité », la faute à une forte dépendance historique de l’économie allemande aux exportations, note Isabelle Mateos.

Si l’Italie trébuche…

Au-delà du test budgétaire, pour les experts l’Italie restera un sujet majeur d’inquiétude. « C’est un pays fondateur de l’Union européenne, au poids économique conséquent et avec plus grosse dette en circulation en montant absolu ». Si le pays trébuchait, « le mécanisme européen de stabilité (ESM) ne suffirait pas », observe Frédéric Gabizon. Pour Isabelle Mateos y Lago, à plus long terme, « si les marchés voient la croissance ralentir et la dette s’inscrire sur une trajectoire ascendante, ils vont très vite réagir et nous pouvons très rapidement nous retrouver dans une situation similaire à celle de 2011 et 2012 ».

Le pays ne sera pas non plus pas à l’abri des soubresauts avec un gouvernement qui réunit des partis aussi opposés, illustrant aussi une autre menace pour la zone euro : la politique et ses forces anti-européennes. Car comme le souligne Isabelle Mateos y Lago : « une des grosses différences avec 2012 où il y a avait une cohésion politique très forte et une unanimité derrière la BCE, en 2018, 2019 ou 2020, il n’est pas certain que nous ayons le même degré d’union et d’adhésion au projet européen ».

AFP

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