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De nouvelles mesures post-Brexit amères


De nouveaux contrôles stricts seront mis en place cette semaine aux frontières du Royaume-Uni. 

Une nouvelle vague de formalités douanières concernant les fromages, les fleurs et les saucisses fait craindre pénuries et augmentations de prix au Royaume-Uni.

Les saucisses, le fromage ou les fleurs devront montrer patte blanche : une nouvelle vague de formalités douanières post-Brexit, maintes fois repoussée, entre en vigueur fin janvier au Royaume-Uni et fait craindre augmentations de coûts et pénuries outre-Manche.

«Plus de 70 %» des entreprises interrogées «sont très préoccupées par l’impact de ces changements», a rapporté Marco Forgione, directeur général de l’Institut de l’export et du commerce international (IEIT), qui représente les importateurs britanniques.

Depuis l’entrée en vigueur effective du Brexit en janvier 2021, l’Union européenne (UE) a mis en place des contrôles renforcés pour les marchandises en provenance du Royaume-Uni. Mais Londres a de son côté reporté à cinq reprises certaines formalités et contrôles des importations (sauf sur certaines marchandises considérées comme plus à risque), de peur de pénaliser une économie déjà atone et d’alimenter l’inflation en faisant grimper les coûts.

À partir d’aujourd’hui, des certificats sanitaires et phytosanitaires deviendront obligatoires, notamment pour certains produits d’origine animale ou végétale de «risque moyen».

Des contrôles douaniers complets seront aussi introduits sur certaines marchandises provenant d’Irlande du Nord. Parmi les produits concernés par les nouvelles formalités au passage de la Manche figurent certains fromages, beurres ou crèmes, saucisses, jambon ou charcuterie, mais aussi certaines fleurs coupées, racines ou tubercules.

Puis le 30 avril, des contrôles physiques entreront en vigueur : une étape supplémentaire dans le cadre plus large d’une réforme destinée, à terme, à simplifier ses contrôles douaniers, promet l’exécutif.

«Menace existentielle» pour les arboriculteurs

Le gouvernement a reconnu que ces changements pourraient se traduire par des coûts supplémentaires de 330 millions de livres (387 millions d’euros) par an sur les importations depuis l’UE, mais assure que cela n’aura pas d’impact significatif sur l’inflation alimentaire.

Si tous les secteurs ne sont pas touchés de la même manière, certains s’alarment, comme les producteurs de fruits et de fleurs britanniques, qui importent des plants de l’UE, notamment des Pays-Bas. Un responsable de la NFU, principal syndicat agricole britannique, dénonçait récemment une «menace existentielle» pour eux, dans le Guardian.

L’association des producteurs de fleurs néerlandais, VGB, a quant à elle adressé une lettre à l’exécutif britannique pour s’émouvoir des nouvelles formalités. «Des retards dans les délais de transport et un soin insuffisant dans la manipulation de ces marchandises pourraient entraîner des dommages et des pertes importants», selon l’association, qui dénonce aussi des points de contrôles frontaliers insuffisants et demande encore un report de l’entrée en vigueur des mesures.

A contrario, le secteur de l’élevage réclamait ces contrôles, après trois ans à subir «l’ampleur des contrôles de l’UE sur nos exportations», tandis que les entreprises du continent «continuaient à bénéficier d’un accès facile au marché britannique», explique Minette Batters, présidente de la NFU.

L’association sectorielle des transformateurs de viande britanniques (BMPA) s’attend de son côté à ce que les contrôles aient d’abord lieu «sur une base aléatoire», et que, pendant les premiers mois, les camions disposant de certificats non conformes ne soient pas refoulés. Mais «il existe une forte probabilité de perturbations des chaînes d’approvisionnement» à partir d’avril, au moment de la mise en place des contrôles physiques, s’inquiète un porte-parole de la BMPA.

«Tout indique qu’il existe un manque de capacités vétérinaires parmi les pays exportateurs de l’UE», poursuit-il, précisant que le Royaume-Uni importe par exemple près de la moitié de la viande de porc consommée, dont la quasi-totalité de l’UE.

Le risque concerne surtout les petits fournisseurs basés dans l’UE, qui pourraient tout simplement renoncer à exporter vers le Royaume-Uni, vu les coûts et démarches supplémentaires. «Nous nous attendons à ce que la plupart des gros fournisseurs de l’UE soient prêts», mais «certains petits fournisseurs ne seront peut-être toujours pas préparés aux changements», prévient Andrew Opie, responsable de l’alimentation à la fédération du commerce de détail britannique (BRC).

Pour autant, sur le long terme, Londres prévoit des modalités facilitées en s’appuyant sur une approche d’évaluation du risque et promet de simplifier la saisie ou le partage des données et de développer de nouvelles technologies, comme des scellés douaniers «intelligents» ou des traceurs GPS. Ce qui pourrait à terme «réduire les coûts et les frictions pour les entreprises», estime Marco Forgione, de l’IEIT.

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