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Budget UE : Danois et Suédois, des « frugaux » désormais en première ligne


Le président du Conseil européen, Charles Michel, a présenté vendredi une "nego box", proposition chiffrée qui servira de base à la négociation. (photo : AFP)

Plus fourmis que cigales, les sociaux-démocrates au pouvoir au Danemark et en Suède rechignent à mettre la main au portefeuille pour le budget et le plan de relance européens, une austérité qui s’assume désormais au grand jour depuis le Brexit.

« Jusqu’à présent, nous nous cachions derrière les Britanniques et généralement, les gens voyaient le Danemark comme un pays respectueux des lois européennes. Maintenant on fait notre coming out », résume la politologue Marlene Wind, professeur à l’université de Copenhague. La Suède voisine, membre de l’Union depuis 1995 seulement, était dans une situation similaire : bonne élève, pragmatique, attachée au sérieux budgétaire à droite comme à gauche, mais ne faisant pas de vagues lors des sommets. Mais elle aussi a rejoint le club des « frugaux » de l’UE avec les Pays-Bas de Mark Rutte et l’Autriche de Sebastian Kurz.

Les quatre entendent faire valoir leur différence lors du Conseil européen du 17-18 juillet à Bruxelles, avec à l’ordre du jour le plan de relance face au Covid-19 défendu notamment par Paris et Berlin, qui nécessite un soutien unanime. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a présenté vendredi une « nego box », proposition chiffrée qui servira de base à la négociation. Stockholm a redit ses réserves et la Finlande, parfois considérée comme le « cinquième frugal », a également demandé de revoir le plan de relance à la baisse.

L’obstacle principal tient aux modalités du plan de relance, les « frugaux » exigeant avant tout des prêts sous conditions plutôt que des subventions. Pas question pour eux de payer pour les pays du Sud, plus touchés par la crise du Covid-19, mais vus comme budgétairement laxistes voire irresponsables par le Nord. Le plan de relance de plus de 750 milliards d’euros, « c’est une relance du marché intérieur, (…) aucun pays n’a les moyens de se redresser seul. Le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, l’Autriche ont aussi ce besoin », a plaidé la ministre française Amélie de Montchalin, qui s’est rendue début juillet à Stockholm pour tenter de faire infléchir le « nej » (non) suédois. Lors des dernières négociations budgétaires, Copenhague et Stockholm avaient obtenu, comme La Haye, un rabais pour la période 2014-2020, qui devrait être reconduit pour 2021-2027.

Pas de veto opposé

Leur attitude « a un grand objectif : ils veulent leur rabais », persifle une source européenne. Vendredi, la Suède s’est vu proposer un rabais de près de 800 millions d’euros, le Danemark 200 millions. Au sein de l’UE, le duo scandinave, contributeur net, a toujours été favorable à un budget restreint. « La Première ministre répète qu’il faut protéger les Danois de ceux qui prennent l’argent destiné à l’État providence danois », souligne Marlene Wind, une attitude proche du fameux « I want my money back » de la Première ministre britannique Margaret Thatcher en 1979. Mette Frederiksen a redressé un parti social-démocrate dans les limbes en chassant sur les terres de la formation populiste du Parti populaire danois (DF), avec une ligne plus anti-immigration et eurosceptique, souligne encore la politologue.

Extrêmement populaire grâce à sa gestion rapide de la crise du coronavirus, la Première ministre, qui a dû repousser son mariage pour assister au sommet, ne devrait pas s’écarter de cette ligne, même si elle n’entend pas opposer de veto. « Ce que beaucoup n’ont pas remarqué, c’est les concessions déjà faites par les quatre frugaux. Ils acceptent désormais une dette commune en utilisant l’excellente note de crédit de la Commission », estime Daniel Tarschys, professeur de sciences politiques à l’université de Stockholm.

Des garanties financières mais aussi environnementales sur l’emploi des fonds pourraient amadouer les Scandinaves, alors que les rencontres Nord-Sud se multiplient à l’approche du sommet. Mette Frederiksen s’est entretenue vendredi avec le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre portugais, Antonio Costa, évoquant des « bonnes discussions ». « Nous avons commencé les négociations estivales. Pas facile. Mais cela aide, quand à travers les pays nous avons de bons collègues et amis », a-t-elle déclaré sur son compte Instagram. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, se rendra lui mardi et mercredi à Stockholm pour tenter de convaincre son homologue Stefan Löfven.

AFP/LQ

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