Accueil | Dossiers | Bière : la brasserie Bofferding se dévoile [dossier]

Bière : la brasserie Bofferding se dévoile [dossier]


Sur cette chaîne ultramoderne, la brasserie est capable de sortir 27 000 bouteilles par heure, à plein régime. (photo RL)

Au royaume de la bière luxembourgeoise, la brasserie Bofferding ravit les palais, mais pas seulement. Le site de Bascharage en met aussi plein les yeux en proposant des visites de ses installations. Entre tradition et modernité.

Si l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, la soif de découvertes n’interdit pas de pousser les portes de la brasserie Bofferding de Bascharage. Implantée au cœur de cette section de la commune luxembourgeoise de Käerjeng, à une quinzaine de kilomètres de Longwy, l’entreprise brasse chaque année entre 12  000 et 15  000 visiteurs. Et accessoirement, 165  000 hectolitres de bière, dont 20 % pour l’exportation (lire ci-dessous) .

Parcourir les installations, c’est d’abord se laisser griser par une double saga familiale vieille de plus de 250 ans. Car les prémices de l’histoire de la Brasserie nationale sont d’abord à chercher en 1764, du côté de la fondation de la brasserie Funck-Bricher à Luxembourg. La brasserie Bofferding voit quant à elle le jour en 1842 sur le site actuel. Les deux entités finiront par fusionner en 1975.

Le site a de la bouteille

De cette union, entretenue à grand renfort de modernisation, est né le leader du marché luxembourgeois. Comme en témoigne une pièce gorgée de vieux outils éveillant la nostalgie du visiteur, tout a évolué entre les murs de Bascharage. Tout, sauf la recette de la fameuse Pils! « Il n’y a aucun ingrédient chimique dans nos bières. D’où la date limite de vente de quatre mois », insiste Marco Kugener, directeur export de la société.

La recette, pas du tout magique mais envoûtante, tient à quelques ingrédients sélectionnés avec soin  : du malt, du houblon en provenance de l’Hallertau en Bavière (Allemagne), de la levure et de l’eau que la brasserie puise dans sa propre source, à 317  mètres sous terre. « Il faut savoir que l’eau change le goût de la bière. La nôtre est d’une pureté exceptionnelle. Elle est très contrôlée. »

D’ailleurs, contre toute attente, c’est le premier breuvage qui est offert aux visiteurs de la brasserie. Rien que pour ce précieux liquide, un réseau de 2,7  km de tuyauterie sillonne le site.

Plus de 250 personnes

Et tuyau pour tuyau, enfin confidence pour confidence, d’autres installations méritent le coup d’œil. À commencer par l’impressionnante cathédrale de cuves ou le robot capable de conditionner 140 fûts de 50 litres par heure.

À la pointe de la technologie, Bofferding respire néanmoins toujours la tradition. La brasserie n’hésite d’ailleurs pas à marquer la différence au sein de sa propre gamme. Toutes ses bières spéciales sont commercialisées sous la marque Battin, elles aussi à découvrir à l’issue de la visite.

Si 28 personnes officient au sein de la brasserie de Bascharage, 229  salariés sont également employés dans les secteurs de l’administration et de la distribution de l’entreprise. Cette dernière compte 1  200 points de vente au Luxembourg, 500 en Belgique et 400 autres en France.

Yannick Pagliuchi (Le Républicain lorrain)

Tournée générale de conseils

Assis à l’une des tables de la «buvette» jouxtant la brasserie Bofferding, Georges Lentz, administrateur délégué, est paré pour un cours magistral. Une leçon de dégustation.

« Avant toute chose, il faut regarder la bière. Elle doit être claire, dorée. Il ne doit pas y avoir de bulles sur le verre. Sinon, ça veut dire que le verre n’est pas propre », assure le spécialiste. Après les yeux, honneur au nez  : « Sentez votre bière. Vous devez détecter un goût de levure. » Cette fois, nous y sommes  : il est temps de por ter le verre à notre bouche. Mais pas n’importe comment. « Pour bien apprécier votre bière, il faut boire à grandes gorgées. Et même en dégustation, il faut avaler, car le goût se fait à l’arrière du palais. L’idéal est de boire un verre en trois fois. Et à chaque fois, il doit rester le trait de mousse du précédent niveau. »

Pour ceux qui n’ont pas compris, une seule solution  : demander… une autre bière à 6  °C, température conseillée.

Yannick Pagliuchi (Le Républicain lorrain)

De g. à d. : Georges Lentz, administrateur délégué, Maurice Treinen, maître brasseur, et Marco Kugener, directeur export.

De g. à d. : Georges Lentz, administrateur délégué, Maurice Treinen, maître brasseur,
et Marco Kugener, directeur export.

Une nouvelle buvette à 2,3 millions

La Brasserie nationale a effectué des investissements en 2015. À titre d’exemple, la nouvelle buvette (An der Brauerei) a ouvert mi-juin 2015 au public. La somme investie dans les travaux représente 2,3 millions d’euros.

Quant au total des investissements pour le marché brassicole luxembourgeois, il s’élève à quatre millions d’euros. La Brasserie dit avoir développé et élargi la gamme des produits proposée aux consommateurs afin de satisfaire la demande grandissante pour des «bières spéciales». En mars 2015 a été lancée la bière Battin Triple, décrite comme «une bière de dégustation fortement houblonnée qui titre à 8 % d’alcool».

Malgré la situation difficile dans les «débits Horesca», «nous avons fortement soutenu ce secteur avec des investissements importants qui se chiffrent à plus de trois millions d’euros», dit la Brasserie.

« La bière est un lubrifiant social ! La bière est un produit convivial par excellence. Il suffit d’observer les buveurs de bière dans un bar. Leur verre est posé devant eux et ils sont ouverts aux autres ! »

L’administrateur délégué de la Brasserie nationale, Georges Lentz, résumant sa vision de la bière.

Une situation de monopole à éviter

Le rapprochement entre AB InBev et SABMiller pourrait fausser le marché.

Le monde de la bière a bien changé. Au début des années 2000, plusieurs acteurs se partageaient le gâteau. Au fil des ans, des rapprochements se sont opérés, donnant naissance à de grands groupes.

Les marques d'AB InBev sont entre autres Budweiser, Stella Artois et Corona. SABMiller possède quant à lui Peroni et Grolsch.

Les marques d’AB InBev sont entre autres Budweiser, Stella Artois et Corona. SABMiller possède quant à lui Peroni et Grolsch.

Le 23 février, lors de la présentation des résultats financiers 2015 de la Brasserie nationale, Georges Mathias Lentz Junior, l’administrateur délégué, a indiqué que la fusion entre le groupe AB InBev et son concurrent anglais SABMiller devrait être faite « au premier semestre de cette année ». Il a fait remarquer, à l’aide d’une présentation en images, qu’entre 1998 et 2000, « beaucoup de brasseries étaient éparpillées » et « étaient présentes sur les marchés nationaux ».

Par exemple, le Japon était partagé entre les marques Asahi et Kirin. En Europe aussi, le marché était « éparpillé ». Ce n’est qu’en 2005 que SABMiller, issu de la fusion en 2002 entre South African Breweries et Miller Brewing, « commence à prendre pied aux États-Unis ».

Quatre ans plus tard, son concurrent AB InBev devient « le leader mondial de la bière », avec dans son giron la marque chinoise Tsingtao. Quant à SABMiller, il compte dans son groupe des marques comme l’Italienne Peroni.

En commentant la situation de 2016, Georges Mathias Lentz Junior explique que les deux géants ainsi réunis devront « céder certaines marques, sinon ils seront dans une situation de monopole sur tous les marchés ». Une situation qui n’est pas vraiment économiquement «saine».

A. F.

La Brasserie nationale va bien

La Brasserie nationale, mère des marques Bofferding et Battin, a présenté, le 23 février, les résultats de 2015. Au Grand-Duché, la consommation de bière baisse. La manière de déguster a changé.

Les ventes d’or blond sur le marché luxembourgeois ont augmenté l’année dernière par rapport à 2014. Les exportations tout comme les importations ont connu une hausse.

Dans quel état de santé se trouve l’industrie brassicole luxembourgeoise ? Le 23 février, lors de la présentation des résultats de la Brasserie nationale exploitant les marques Bofferding et Battin, on a pu avoir quelques éléments de réponse. Georges Mathias Lentz Junior, administrateur délégué de la Brasserie nationale, a indiqué que 2015 a été « une année intéressante ».

« Même si le début de l’année a été catastrophique au niveau des ventes, l’année dans son ensemble a été plus qu’acceptable en ce qui nous concerne », a-t-il ajouté. Il est vrai que la situation climatique de 2015 n’a pas été favorable au secteur brassicole. «Les températures caniculaires des mois de juillet et d’août ont surtout profité aux boissons non alcoolisées, notamment aux eaux minérales.»

Un chiffre d’affaires en baisse

Il n’y a pas que la hausse du thermomètre qui a eu un impact sur la consommation de bière. La nouvelle tendance des consommateurs est de favoriser les «petites mousses» issues des micro-, voire des nanobrasseries. Cinq nouvelles brasseries à côté des sept autres existantes ont été répertoriées par la Brasserie nationale.

Elle a également observé que l’augmentation de la TVA passant de 3 à 17  % dans le secteur de l’Horesca (c’est-à-dire la restauration, l’hôtellerie et les cafés) a «fragilisé et influencé négativement les ventes dans ce secteur traditionnellement porteur d’emploi» . La Brasserie estime que les ventes dans ces débits ont chuté «de plus de 7  % sur le marché local» . Les consommateurs de bière ont plutôt tendance aujourd’hui à savourer leur bière, de préférence régionale, à domicile et à d’autres moments de la journée, comme par exemple en apéritif.

Quelque 60 % des bières vendues au Luxembourg proviennent de la Brasserie nationale, située à Bascharage.

Quelque 60 % des bières vendues au Luxembourg proviennent de la Brasserie nationale, située à Bascharage.

Niveau chiffres, la production de bières brassées au Luxembourg s’élève à 286  861  hectolitres, soit «une progression de 15  000  hectolitres» , souligne la Brasserie nationale. En 2014, elle était établie à 217  163  hectolitres (hl). Quant aux ventes, en 2015, sur le territoire du Grand-Duché, elles ont représenté 480  513  hl, contre 387  965 l’année précédente.

Munhowen s’en sort bien

Au niveau financier, les résultats de la Brasserie (les marques Bofferding et Battin) sont légèrement à la baisse. En témoigne le chiffre d’affaires qui est passé de 10 800 000  euros en 2014 à 10 700 000 euros en 2015. Le résultat d’exploitation (Ebitda) s’affiche à 4 501 000  d’euros contre 4 620 000  d’euros. Le nombre de salariés baisse légèrement, passant de 29 à 27  personnes.

En ce qui concerne Munhowen, la filiale de la Brasserie nationale responsable de la commercialisation et de l’administration de la brasserie, elle annonce «des résultats plus que satisfaisants».

Selon Frédéric de Radiguès, le directeur général, le chiffre d’affaires s’est établi à 67  529  millions d’euros. L’Ebitda progresse un peu en passant de 5  300  000  euros à 5  450  000  d’euros. Celui-ci a également décrit les différentes actions menées l’année dernière au Luxembourg comme la campagne «Komm, mir schwätze Bofferding» (NDLR : «viens, on parle le Bofferding») ou encore les chaises et les sacs isothermes verts, la couleur de la marque.

Aude Forestier

Un commentaire

  1. Michel Jacques

    Combien de semaines pour brasser une bofferding ?Merci

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.