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Virginie Efira, vie de famille


L'actrice est à l'affiche de plusieurs productions actuellement. (photo David Koskas)

Elle est à nouveau partout : Virginie Efira, dans la série Tout va bien comme dans le film Rien à perdre, plonge au cœur de familles bouleversées par des drames. Mais «sans pathos».

Portée par Virginie Efira sous la plume d’une scénariste du Bureau des légendes, la série Tout va bien relève avec succès un défi périlleux : raconter avec humour et sans pathos l’une des pires épreuves que puisse traverser une famille, le cancer d’un enfant. Cette œuvre ambitieuse (8 x 52 minutes), disponible sur Disney+, suit le clan Vasseur, bouleversé par la leucémie de la petite Rose, en attente d’une greffe de moelle osseuse.

Malgré la catastrophe, le quotidien suit son cours, pour l’optimiste grand-mère de la fillette (Nicole Garcia), gourou du développement personnel dont l’éditeur est rattrapé par la vague #MeToo, comme pour sa tante dévouée (Virginie Efira), belle-mère tourmentée par l’ex de son compagnon. Enfermée dans une forme de déni et incapable de partager sa douleur avec son époux, sa mère (Sara Giraudeau) se réfugie quant à elle dans les bras d’un des clowns (Mehdi Nebbou) peuplant les services pédiatriques.

 

Le titre de la série est évidemment «ironique», comme l’a rappelé sa créatrice Camille de Castelnau, fascinée par la «friction» entre une «situation extrêmement anormale et angoissante» et «le reste du monde qui donne l’impression de continuer à tourner normalement». Un décalage qu’elle connaît bien, l’ayant elle-même vécu lorsque sa propre nièce est tombée gravement malade. «Ça a été des années d’épreuves», explique la coscénariste du Bureau des légendes, qui «écrit toujours pour restituer des émotions».

Il en existe peu dans la production française

«J’avais envie de parler de ce moment de crise» sans tomber dans la tragédie pure, à l’image de la vraie vie où «l’on rigole parfois à des moments où l’on ne devrait pas», comme lors d’enterrements, ajoute cette admiratrice des séries Six Feet Under ou Big Little Lies. Si les deux premiers épisodes sont réalisés par le créateur du Bureau des légendes, Éric Rochant, et que l’on y retrouve Sara Giraudeau, son inoubliable espionne Marina Loiseau, les deux œuvres n’ont pas grand-chose en commun, prévient Camille de Castelnau. Si ce n’est une même «exigence sur l’écriture et le casting».

En résulte une comédie dramatique comme il en existe peu dans la production française – plus axée sur les histoires de famille «pour toute la famille» – et qu’on aurait tort de fuir en raison de son sujet. «Jamais cela ne tombe dans le pathos», fait valoir Aliocha Schneider, qui interprète l’oncle volage de Rose. «J’ai beaucoup ri en lisant le scénario et en regardant la série», de même que pendant le tournage. «Dès que je butais sur un mot, je ne pouvais pas compter sur lui parce qu’il se mettait à rire», a confirmé Virginie Efira, rappelant son «petit lien de parenté» avec le frère de Niels Schneider, son compagnon à la ville.

Séduite par la «férocité» et «l’écriture» de Camille de Castelnau, l’actrice césarisée cette année pour Revoir Paris renoue ainsi avec le petit écran, où elle a démarré comme animatrice, après de brèves incursions dans les séries Kaamelott et Dix pour cent. Et salue au passage la «liberté» et «l’audace» permises par Disney+, plus poussées «que dans certains films dans la manière dont on peut produire aujourd’hui».

La plateforme, qui continue d’étoffer sa palette de productions tricolores après le drame historique (Oussekine) et les comédies familiale (Week-end Family) ou romantique (Irrésistible), n’a «jamais essayé d’édulcorer» la série, abonde Camille de Castelnau. Y compris «un épisode très dur vers la fin, qui raconte des choses que je n’ai jamais vues racontées», assure la scénariste. «Ça a de la gueule!», salue Bernard Le Coq, grand-père de Rose dans cette production qui partage «forcément certaines correspondances» avec Une famille formidable, dont il a longtemps joué le patriarche sur TF1.

Tout va bien, de Camille de Castelnau. Disney+.

Après la tante, la mère tourmentée

En quelques années, l’actrice, qui a débuté à la télévision, a conquis le cinéma d’auteur français, s’imposant comme une évidence dans les drames familiaux. Elle avait été très remarquée en belle-mère qui cherche sa place dans Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski, ou en femme sous emprise dans L’Amour et les Forêts, de Valérie Donzelli. Dans Rien à perdre, qui sort en salle mercredi après avoir été présenté à Cannes dans la sélection Un certain regard, Virginie Efira incarne Sylvie, mère isolée qui tente de joindre les deux bouts.

Un soir, son fils cadet se brûle par accident avec la friteuse. Sylvie n’est pas là. Elle travaille comme serveuse dans une boîte de nuit. Visite des services sociaux, premiers soupçons, placement… C’est le début d’un engrenage. Que Sylvie tente de faire bonne figure, on la pense manipulatrice. Qu’elle s’énerve, elle passe pour dangereuse. Plus elle se débat pour retrouver son fils, plus elle s’enfonce.

«L’idée n’est pas du tout d’être à charge, mais de raconter comment, pour les parents, le dialogue devient impossible, comment on peut vriller et tomber sur le bas-côté», raconte la réalisatrice Delphine Deloget. «Avec Virginie Efira, on a l’impression que son vécu transpire, ses notes d’humour… Elle donne l’impression que la vie est burlesque, plus forte que le cinéma. Elle parvient à garder la justesse», s’enthousiasme la cinéaste.

Très justes également, les seconds rôles sont tenus par India Hair, l’assistante sociale intraitable, ou Félix Lefebvre, le fils aîné qui paie les pots cassés. Rien à perdre est le premier film de fiction de sa réalisatrice, venue du documentaire et qui a remporté le prix Albert-Londres en 2015 avec Cécile Allegra pour un reportage sur les Érythréens au Sinaï.

Rien à perdre, de Delphine Deloget.
En salle mercredi.

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