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Valse de pizzas à Naples pour célébrer l’inscription à l’Unesco


L'art du pizzaïolo napolitain qui fait valser la pâte dans les airs a fait son entrée jeudi au patrimoine immatériel de l'Humanité. (photo AFP)

Les pâtes à pizza ont valsé dans les airs et plusieurs restaurants ont distribué des parts aux passants tôt jeudi matin à Naples, pour fêter l’inscription de la spécialité locale au patrimoine de l’Unesco.

L’art du pizzaïolo napolitain qui fait valser la pâte dans les airs a fait son entrée jeudi au patrimoine immatériel de l’Humanité aux côtés d’autres trésors culturels comme la décoration murale traditionnelle saoudienne exécutée par les femmes, selon l’Unesco. Cette inscription est symbolique mais confère une certaine visibilité et les efforts des thuriféraires de l’art de la pizza napolitaine ont payé. Deux millions de personnes avaient signé une « pétition mondiale » pour en soutenir l’inscription, selon Sergio Miccù, président de l’association des pizzaioli napolitains.

« Pour nous, c’est comme gagner la Coupe du monde », lance Gennaro Gattimolo, pizzaïolo de 57 ans, le tablier et les mains couverts de farine. Rita, une retraitée, s’est emmitouflée pour affronter le froid du petit matin et venir participer à l’euphorie : « Je suis vraiment heureuse. Au lieu de la Camorra (la mafia napolitaine), nous sommes reconnus pour quelque chose de positif pour une fois ! Quelque chose de délicieux ! » « Il n’y a pas mieux que célébrer avec de la pizza au petit déjeuner », assure Marco, 47 ans, qui engloutissait déjà sa 3e part.

Tour de pizze unique

Dans une ville pourtant très superstitieuse, la fête avait commencé dès mercredi soir devant la pizzeria Sorbillo. « Après 250 ans d’attente, la pizza est inscrite à l’héritage de l’Unesco ! Bravo Naples ! », a lancé un pizzaïolo, Enzo Coccia, sous les applaudissements de la foule. Même la défaite de Naples en Ligue des champions dans la soirée n’avait pas douché l’enthousiasme des amoureux de la pizza : des disques de pâte ont dansé dans les airs pour célébrer cet art qui va des fours à bois utilisés pour la cuisson à cette manière spectaculaire de manier la pâte pour l’oxygéner.

« Depuis des siècles, l’art napolitain de la pizza se base sur quelques éléments clés : de l’eau, de la farine, du sel et de la levure… et les excellents produits de la Campanie tout autour », a expliqué Enzo Coccia. « Mais ce sont aussi les mains, le cœur et l’âme du pizzaïolo qui nous permettent de faire de la magie », a-t-il ajouté, décrivant le maniement de la pâte dans les airs comme « un amour et une passion que nous transmettons aux autres ».

L’origine de la Margherita

L’humble ancêtre de la pizza n’était au départ qu’un pain plat saupoudré d’un peu de lard et relevait moins d’un acte d’amour que du besoin de nourrir à peu de frais les masses de pauvres de la ville, selon l’historien Antonio Mattozzi. Les premières vraies pizzas apparaissent avec l’arrivée des tomates d’Amérique et leur entrée dans les cuisines. « A la fin du XVIIIe siècle, les premières pizzerias étaient nées », raconte-t-il. Mais il a fallu attendre encore un siècle et la reine Margherita pour que ce grand succès local s’exporte au-delà de la baie. En visite à Naples avec son mari le roi Umberto 1er en 1889, elle avait demandé à goûter la pizza pour gagner le cœur des Napolitains. Selon la légende, la version proposée par le chef Raffaele Esposito, intégrant tomates, mozzarella et basilic, aux couleurs de la toute jeune Italie, l’a conquise.

Pour l’occasion, cette pizza qui a gardé le nom de la reine a été de nouveau cuisinée mercredi dans le même four royal au palais de Capodimonte, désormais devenu un musée sur les hauteurs de Naples. L’idée étant d’abord de tordre le cou à quelques hérésies comme le fait d’étaler la pâte avec un rouleau ou d’ajouter de l’ananas sur la pizza.

« La pizza est devenue un patrimoine universel, beaucoup dans le monde ne savent même pas que c’est italien », a assuré le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, en mordant dans une part tout juste sortie du four royal. « Cette décision de l’Unesco va établir la vérité une fois pour toutes : la pizza est un plat mondial, mais elle est née à Naples, dans ce four. »

Le Quotidien/AFP

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