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Théâtre – L’improbable passion du « Mec de la tombe d’à côté »


Adapté du best-seller suédois de Katarina Mazetti, la pièce « Le Mec de la tombe d’à côté » est une comédie sentimentale sur l’amour impossible entre un agriculteur solitaire et une jeune veuve intellectuelle. À voir au TOL.

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Colette Kieffer et Joël Delsaut, en amants marqués par de profondes différences sociales. L’amour est-il vraiment aveugle ? (Photos : Ricardo Vaz Palma)

C’est d’abord l’histoire d’un succès planétaire, celui d’un premier roman, sorti à l’aube du siècle nouveau. Depuis, Le Mec de la tombe d’à côté, signé Katarina Mazetti, a été traduit dans plus de vingt langues et a fait l’objet d’adaptations au théâtre et au cinéma – le réalisateur Patrick Braoudé est d’ailleurs sur le coup pour un film en français, après l’opus suédois. Un livre « feel good », tendre et caustique, qui est tombé entre les mains de Véronique Fauconnet, la directrice du TOL, cherchant depuis trois ans à mettre ce best-seller sur sa scène. Mais « des questions de droits et des malentendus ont ralenti l’opération », confie le metteur en scène Jérôme Varanfrain.

Savourons donc aujourd’hui cette nouvelle mouture, même si la pièce est déjà passée – dans sa version parisienne, avec Didier Brice et Sophie Broustal – au théâtre d’Esch-sur-Alzette début 2013. Qu’importe ! Malgré quelques hésitations, le comédien s’en est emparé. « C’est sûr, il y a cinq ans, avec le développement des sites de rencontres sur internet mettant en relation des personnes issues d’univers radicalement différents, la pièce aurait eu un impact plus important, confie-t-il. Mais cela reste une très belle écriture, et surtout, d’une fraîcheur intacte. »

Bon, il faut l’avouer, le point de départ, des plus classiques, est celui des plus grandes comédies romantiques : un couple que tout différencie. D’un côté, on a Daphné, une jeune veuve bibliothécaire, citadine accomplie et raffinée, fan de Verdi, et Schopenhauer, coincée « dans sa petite vie compartimentée ». De l’autre, on trouve Jean-Marie, agriculteur de son état, « un peu vieux garçon », qui « nage dans le purin et n’a jamais ouvert un livre ». Elle vient se recueillir sur la tombe de son mari, il fleurit celle de sa mère. Voisins de cimetière, rien ne semblait rapprocher ces deux-là, et pourtant, la passion pointe le bout de son nez. « Je suis amoureux, c’est comme quand on touche une clôture électrique sans faire gaffe », dit ainsi, avec ses mots, l’homme aux racines paysannes.

> Une pièce « à déguster »

Avec le duo Colette Kieffer-Joël Delsaut en amoureux transis, la pièce aborde, avec un romantisme évident et un humour décapant, la question du choc des cultures. Bref, l’union des corps et des cœurs, au-delà des codes sociaux. « Ce sont deux mondes qui se confrontent, confirme le metteur en scène. La question posée par cette œuvre est simple : comment l’amour peut-il fusionner deux êtres si différents ? » Car « une fois que la passion s’étiole, et que les paillettes ne sont plus là, il ne reste plus que deux personnalités avec un vécu, une histoire. » Toujours selon Jérôme Varanfrain, Le Mec de la tombe d’à côté est donc à voir comme un « kaléidoscope d’émotions et de sentiments », s’exprimant à travers un match passionnel.

Avec une histoire aussi évidente, les références sont légion. Évidemment, le duo de Pretty Woman (avec Richard Gere en homme d’affaire et Julia Roberts en prostituée de luxe) s’impose en tête de liste. Le metteur en scène, lui, évoque pêle-mêle « Coup de foudre à Notting Hill et Le Journal de Bridget Jones » pour le côté romantisme fleur bleue et un brin naïf du texte, osant même tisser un pont entre « Marivaux et La Famille Bélier« , avec cette analyse des élans amoureux en pleine campagne. Finalement, avec un récit léger et divertissant, « imagé et coloré », qui « se suffit à lui-même », le plus compliqué reste de trouver le ton juste pour son adaptation sur les planches. « Eh oui, ce n’est pas un texte de théâtre ! », souffle Jérôme Varanfrain.

De surcroît, comme « c’est l’histoire qui doit guider l’imaginaire », impossible de se cacher derrière une riche mise en scène, qui doit être forcément « dépouillée » comme ce sera le cas au TOL. Du coup, « tout repose sur les épaules des comédiens », qui doivent absolument éviter les pièges d’interprétation tendus par ces clichés textuels. « C’est une pièce très difficile à jouer. D’abord parce que les monologues y sont nombreux. Ensuite parce qu’il ne faut pas tomber dans le piège de la caricature. En somme, il faut proposer un jeu simple, mais qui vient de loin. »

Reste à savoir si Colette Kieffer et Joël Delsaut arriveront à faire croire à cette idylle entre la belle bibliothécaire et le fermier mal léché. Rassurons-nous toutefois : les situations cocasses et les phrases humoristiques efficaces de cette œuvre – qui se « déguste comme un bon dessert » – devraient contenter le public. Une maxime le résume plutôt bien : rire d’amour, c’est mieux que de mourir d’aimer.

De notre journaliste Grégory Cimatti


TOL – Luxembourg.

Ce soir et demain à 20h30.

Les 11, 12, 13, 19, 20, 26, 27 et 28 février, ainsi que les 5, 6 et 7 mars, toujours à 20h30.

Le 1er mars à 17h30.

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