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[Théâtre] Face-à-face avec un raciste


Yvan le Bolloc'h et Bruno Solo, des amis de vingt ans. (Photo : AFP)

L’Heureux Élu marquent les retrouvailles de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h en mode tragicomique.

Animateurs stars des années 90, duo emblématique de Caméra Café, série humoristique sur la vie en entreprise, Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h scellent leurs retrouvailles artistiques, pour la première fois ensemble au théâtre, dans L’Heureux Élu, une pièce satirique au registre tragicomique assez inattendu. À l’affiche du théâtre de la Madeleine, le tandem relève le défi de cette comédie de mœurs dans les rôles de deux copains de gauche confrontés au cours d’une soirée au fiancé raciste et antisémite d’une amie de longue date.

Grand Prix de l’Académie française, récompensé par deux Molières de l’auteur francophone en 2010 et 2015, Éric Assous, dramaturge à succès, signe cette satire inédite qui fait réfléchir, mais qui amuse aussi. Cette pièce s’appuie sur des ressorts psychologiques voisins de celle écrite en 2010 par Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, Le Prénom, portée à l’écran avec succès, où des amis s’écharpaient après que l’un deux avait annoncé son intention de prénommer son fils Adolf.

« On ne transige pas avec la morale ! »

Dans L’Heureux Élu, mis en scène par Jean-Luc Moreau, Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h incarnent des bobos excédés par la parole ultra-conservatrice d’un partisan de la légitime défense, constamment armé, joué par le comédien David Brécourt. Mélanie Page et Mathilde Penin complètent la distribution, au jeu très assuré.

Stupéfaits par les dérives sectaires du fiancé de leur amie Charline aveuglée par l’amour, Greg, Jeff et Mélanie se demandent comment réagir : respecter son choix ou rejeter l’«heureux élu». Finalement, la confrontation ne sera pas évitée : «face à des opinions inacceptables, on ne transige pas avec la morale!», lance Jeff. Rapidement, les échanges dégénèrent en règlements de comptes, tant les non-dits d’une amitié de vingt ans font surface. «J’aime insuffler dans mes pièces la société d’aujourd’hui. Cela m’amusait de confronter un personnage de droite décomplexée à des personnages plongés dans leur problématique bourgeoise de gauche», explique Éric Assous. «Je suis avant tout un auteur de comédie. Cela n’empêche pas de donner un sens, en incitant les spectateurs à la réflexion sur les thématiques d’aujourd’hui», ajoute le dramaturge.

Le personnage interprété par Bruno Solo est dans la rancœur. Celui joué par Yvan Le Bolloc’h, dans la lâcheté absolue. La future fiancée dans une touchante naïveté : «Des profils psychologiques toujours intéressants au théâtre», estime Éric Assous.

Pour rythmer la pièce, Jean-Luc Moreau a recours à plusieurs apartés : tour à tour, les comédiens évoquent leurs états d’âme en s’adressant directement au public, à l’occasion d’arrêts sur image. Avec ces jeux tragicomiques de l’amour béat et du racisme ordinaire, Éric Assous ne se veut pas moraliste, mais cherche simplement «à mettre en garde».

Jusqu’au 31 décembre.

www.theatre-madeleine.com

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