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[Exposition] BlackBox casse les frontières au Casino Luxembourg


Dans Tears of Eyewitness, Sven Johne transforme l'interview en véritable interrogatoire. (Photo : DR)

Dans le cadre de sa BlackBox, le Casino Luxembourg présente quatre œuvres vidéo de l’Allemand Sven Johne. Une nouvelle approche du documentaire, qui joue avec les limites de la réalité.

Après avoir mis à l’honneur les créations vidéo des artistes luxembourgeois, le programme BlackBox du Casino Luxembourg s’ouvre aux créateurs au-delà des frontières. Jusqu’au 28 novembre, c’est au tour de l’artiste allemand Sven Johne de présenter quatre œuvres qu’il a réalisées entre 2006 et 2011. L’occasion idéale de découvrir son univers aux frontières du documentaire, l’artiste interrogeant ce genre à travers un jeu de va-et-vient entre le réel et la fiction. Une œuvre étrange et intrigante.

C’est dans la collection privée de Patrick Majerus que le Casino Luxembourg a sélectionné l’artiste allemand Sven Johne à travers quatre vidéos acquises par le collectionneur. Depuis toujours, l’artiste Sven Johne se passionne pour l’histoire, qu’il interroge en confondant le plus souvent la réalité et la fiction.

Connu pour son travail mêlant photographie et texte, c’est un autre médium que propose de découvrir le Casino à travers ses créations vidéo. «À un moment dans ma réflexion et mon travail d’artiste, j’ai été fatigué de toujours travailler de la même manière, en associant des images à du texte. C’est comme ça que je me suis tourné vers la vidéo qui me donne plus de temps et d’espace pour raconter mes histoires», explique l’artiste.

L’histoire, ou plutôt les histoires, est la source inépuisable de l’artiste pour créer ses œuvres, il s’intéresse aux petites histoires écrasées ou oubliées, dans l’ombre de la grande histoire. C’est à ce qu’il se raconte et se passe à la marge des grandes narrations de nos sociétés que s’intéresse Sven Johne. Il va le décortiquer, le distiller pour en extraire une essence, une «vraie réalité» comme il l’explique, pour ensuite la transformer en une nouvelle histoire entre fiction et réalité pour donner à voir un réalisme fictif.

Les petites histoires font les grandes

Ce sont donc quatre de ces pièces qui se jouent devant le spectateur comme autant de saynètes : Elmenhorst, Wissower Klinken/Cliffs of Wissow, Tears of Eyewitness et Greatest Show on Earth. Au cœur de ces quatre histoires règne une atmosphère à la fois plaisante et inquiétante, on reconnaît certains codes connus du documentaire comme la voix off ou le présentateur face à son invité. Et pourtant, ce qui se passe ou plutôt ne se passe pas le plus souvent vient bouleverser notre conception de l’histoire, mais aussi du document.

À l’instar de ce bonimenteur dans la vidéo Greatest Show on Earth qui ne fait qu’énoncer les attractions d’un cirque que l’on ne verra jamais comme s’il nous criait que finalement, tout cela n’est pas réel. Ou encore Tears of Eyewitness qui transforme l’interview en véritable interrogatoire, et laisse planer le doute sur la qualité de la personne interrogée. Est-elle un simple auditeur ou un témoin des évènements dramatiques qui ont eu lieu à Leipzig en 1989? Est-ce son histoire personnelle? Nous ne le saurons jamais, mais nous restons là, spectateur de cet étrange spectacle.

Ces histoires, l’artiste va les chercher partout et tout le temps : «Je prends mon inspiration dans les journaux, sur internet, en parlant avec mes amis, dans les histoires de ma famille. Je m’intéresse à tous les types de narration et souvent ce sont les mêmes qui nous intéressent tous. Sans histoire, internet ne serait qu’un grand vide!», ajoute Sven Johne.

C’est finalement à nous, spectateurs de l’histoire, qu’il s’adresse, en bousculant nos repères qui déterminent la vérité et la réalité. Ses vidéos nous entraînent dans une nouvelle perspective de l’histoire ou des histoires et interrogent la véracité d’un aspect particulier de chacune de ces histoires. Sven Johne nous donne à voir qu’il y a autant de manières de raconter l’histoire que de narrateurs de celle-ci, et il sublime dans le même temps les petites histoires qui font les grandes, ces faits oubliés qui sont pourtant tout aussi importants que l’histoire imprimée dans nos manuels scolaires.

«J’ai grandi en RDA, dont l’histoire est devenue obsolète au moment de la réunification. Il n’empêche que cette histoire était pour moi la seule et unique, réelle et véritable, jusqu’en 1990. Cette expérience a été cruciale pour moi et est, sans aucun doute, le point de départ de mon travail», conclut l’artiste.

De notre collaboratrice Mylène Carrière

Casino – Luxembourg. Jusqu’au 28 novembre.

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