L’Américain M. Night Shyamalan est de retour dans le cinéma d’horreur. Et il est inspiré, la preuve avec The Visit, film à budget mini, mais à frissons maximaux!
Né à Pondichéry, Inde, voilà quarante-cinq ans, il a longtemps été tenu pour le «wonderboy» du cinéma américain. En quelques films, dont The Sixth Sense (1999) et Unbreakable (2000) –deux films avec Bruce Willis –Signs (2001) ou encore The Happening (2008), M. Night Shyamalan a posé, apposé et imposé sa signature.
Évidemment, M. Night Shyamalan s’est laissé aller à quelques faiblesses et a connu des passages à vide, mais nous voilà rassurés, le cinéaste américain (il a grandi à Philadelphie) est de retour. Mieux : avec The Visit – son onzième et nouveau film –, il revient au mieux de sa forme avec un long métrage qu’il a tenu à financer avec son propre argent, ce qui explique le budget minimaliste (cinq millions de dollars, soit environ 3,8 millions d’euros)…
Commentaire du réalisateur : « Un petit budget vous donne l’occasion de vous centrer sur l’intrigue et les personnages, sans se faire avaler par les différents aspects de la production. Un jour, cela m’a paru évident et j’ai décidé que, dorénavant, je me consacrerai à ce format de film. Il y a un rythme créatif plus soutenu, on est dans le bain, les idées arrivent, on les teste, on les concrétise… Avec un gros budget, il faut trois ans pour faire un film, c’est trop long, tout se dilue… » Et d’ajouter : « De nos jours, il n’est pas compliqué de tourner un film. En revanche, il est très difficile de dénicher un circuit pour le montrer. C’est là que l’expertise d’un distributeur talentueux est indispensable .»
Et ainsi, lors du premier week-end d’exploitation outre-Atlantique, The Visit a engrangé plus de 25 millions de dollars (environ 20 millions d’euros) et, à ce jour dans le monde entier, près de 80 millions de dollars (environ 65 millions d’euros) – série en cours! « J’ai bien fait de me débrouiller tout seul », dit aussi M. Night Shyamalan. Donc, The Visit est un film au budget tout mini, mais sur l’écran, il assure des frissons maximaux… Comme si Shyamalan s’était mis en concurrence avec Alejandro Amenabar qui, le mois denier, avait présenté Régression (avec Emma Watson et Ethan Hawks) dans le même genre, le film d’horreur!
Une semaine chez les grands-parents
Ainsi, dans ce The Visit, qui au départ du projet, était titré Sundowning – un mot qui désigne le syndrome des états crépusculaires, phénomène psychologique accompagné d’une confusion et d’une agitation extrêmes chez les patients déments qui se produisent généralement à la tombée («down») du jour («sun») –, le réalisateur met en scène deux enfants qui sont envoyés pour une semaine dans la ferme de leurs grands-parents en Pennsylvanie. Là, l’un des enfants se rend compte qu’ils sont impliqués dans une situation aussi perturbante que dérangeante et qui, surtout, va diminuer (anéantir?) leurs chances de retour…
Tout au long du film, M. Night Shyamalan joue, avec un plaisir non dissimulé, le parti de l’angoisse – lui qui s’était fait connaître pour des longs métrages dans les genres thriller et suspense. Ainsi, avec The Visit , il effectue un retour aux sources avec dimension humaine, petit nombre (27!) de jours de tournage et petit budget en prime!
Et puis, côté finances, le réalisateur a imaginé un film au plus serré : ainsi, et c’est une première dans son œuvre, il n’a incorporé aucune bande originale. Et de s’en expliquer : « Je souhaite que les spectateurs soient plongés dans ce monde horrifique seulement à travers les enregistrements des enfants. Sans bande musicale, on perd ses repères traditionnels. La bande musicale vous indique aisément ce qu’on est censé ressentir, or dans le cas de ce film, la qualité du jeu des comédiens et de la mise en scène se suffit à elle-même. »
Dans ce film de terreur domestique, M. Night Shyamalan joue et se joue des règles du film d’horreur en y glissant quelques pointes acérées d’humour et des touches de mélo. Parce que, ces quinze dernières années, le cinéma d’horreur a changé : « L’industrie est plus permissive , assure le réalisateur. Le curseur de la noirceur s’est déplacé. Avant, Chris Nolan et David Fincher étaient perchés dans leur bulle dépressive, avec leurs films sombres et dangereux. Aujourd’hui, ils sont au cœur de la matrice. Ça me va très bien… »
Serge Bressan
The Visit, de M. Night Shyamalan (États-Unis, 1 h 34) avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan…