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[Natation] – Raphaël Stacchiotti vu par le coach Ingolf Bender


Ingolf Bender peut avoir le sourire : ses nageurs se sont plutôt bien comportés lors de leur périple au Moyen-Orient. La saison se présente sous les meilleurs auspices pour le technicien, qui espère amener cinq nageurs avec lui à Rio. (photo Julien Garroy)

Les nageurs luxembourgeois se sont frottés au gratin international avec une certaine réussite lors des étapes de Coupe du monde. Ingolf Bender, l’entraîneur national, était aux premières loges pour assister aux prouesses… Notamment celles de Raphaël Stacchiotti, premier nageur luxembourgeois de l’histoire à monter sur un podium de Coupe du monde. Il revient sur une semaine riche en enseignements. Et se projette sur la suite d’une saison alléchante.

Le Quotidien : Quel est l’intérêt d’une compétition si tôt dans la saison ?

Ingolf Bender : «Cette saison, l’objectif est clair : ce sont les JO de Rio. Les Jeux olympiques se déroulent dans un bassin de 50  m, c’est pour cela que la FINA (Fédération internationale de natation) a décidé que les Coupes du monde, qui se déroulent traditionnellement en petit bassin, se tiendraient cette année en grand bassin.

Pour le Luxembourg, ce n’est pas habituel de participer à ce genre de rendez-vous, mais on s’est dit que ce serait une bonne idée d’avoir une compétition avec un plateau assez relevé et de qualité, puisqu’on a vu que Yannick Agnel, notamment, avait choisi Doha et Dubai pour effectuer son grand retour à la compétition.

Pour nos nageurs, c’était également une très bonne expérience d’enchaîner en très peu de temps deux gros rendez-vous et cela a permis de voir où ils se situaient après seulement huit semaines d’entraînement. Et je suis très content du résultat. Même si certaines choses ne se sont pas très bien passées au Qatar, on a pu changer quelques trucs pour Dubai.»

Avez-vous été impressionné par Raphaël Stacchiotti ?

«Alors qu’il était au top de sa forme en Islande, Raphaël a été très déçu de ne pas avoir pu défendre ses chances aux championnats du monde de Kazan (NDLR  : il était arrivé diminué par une blessure à une cheville et n’avait pas pu nager au niveau qu’il l’espérait). Cette saison, j’ai tout de suite senti qu’il était très concentré. Il sait exactement ce qu’il veut et ça s’est très bien passé pour le moment. Il réalise une très belle place et s’est montré proche de ses meilleurs temps. On ne peut pas tout le temps nager à Dudelange ou Ettelbruck, c’est bon de se frotter à de la concurrence internationale et Raphaël adore ça.»

Le plus important, était-ce la médaille d’argent ou le chrono ?

«Même si la médaille, c’est très bien pour lui, ça lui fera un souvenir, moi je m’intéresse à la manière dont il a nagé. Et sur ce plan, je trouve qu’il a vraiment bien mené sa barque. Bien sûr, le plateau aurait pu être plus relevé mais il a très bien fait ce qu’il avait à faire. Avec une jolie place en récompense. Et on sait sur quoi il faudra travailler pour s’améliorer. Même s’il est fort individuellement en dos, en 4  nages, c’est généralement sa discipline la plus faible. En brasse, en revanche, ils n’étaient pas beaucoup à aller plus vite que lui à Dubai et Doha. De toute façon, Raphaël sait très bien ce qu’il doit travailler pour s’améliorer.»

Quelle est sa marge de progression ?

«Il a encore une grosse marge de progression. Il ne faut pas oublier qu’on est seulement à huit semaines d’entraînement depuis la reprise. Ça n’a rien à voir avec sept ou huit mois d’entraînement dans les jambes. Ce qui est important pour lui, c’est de vivre des trucs positifs. C’est également le cas de Julie (Meynen), qui a également fait de très belles choses durant cette semaine de Coupe du monde.»

Que lui manque-t-il pour se mêler à la lutte avec les meilleurs ?

«S’il avait été en top forme à Kazan, on aurait déjà pu voir où il se situait vraiment par rapport aux meilleurs nageurs du monde. Comme je l’ai déjà dit, il est trop lent en dos. En crawl, il peut aller encore un peu plus vite et doit mieux gérer la transition pap-dos. Sinon, il ne commet pas vraiment de grosse faute.»

S’est-il trop focalisé sur la barrière des 2’00 »?

«C’était peut-être le cas avant, mais ça ne l’est plus. En Islande, alors qu’il n’était pas en top forme et qu’il n’avait pas pu se préparer idéalement, il réalise 2’00″28, soit le chrono exact demandé pour aller aux Jeux. Déjà à Londres, il avait été tout proche (NDLR  : 2’00″38/17 e des séries) de cette barrière des deux minutes sur le 200  m 4  nages.

Le plus important c’est qu’il est physiquement bien, il n’a pas de pépin de santé et extrêmement concentré. Il sait qu’il va le faire. Reste à savoir quand il va le faire. Mais il ne se prend pas la tête avec ça. De toute façon, il est déjà qualifié pour les JO, et c’est un gros avantage psychologiquement. Bien sûr, il devra être rapide à l’Euro Meet mais il n’a pas l’obligation de faire tel ou tel temps. Il peut se préparer au mieux pour Rio.»

Quelle est l’importance des championnats d’Europe en petit bassin ?

«Pour le moment, ils sont quatre à aller en Israël (à Netanya du 2 au 6 décembre), à savoir Raphaël, Julie, Julien (Henx) et Pit (Brandenburger). Laurent (Carnol) ne nagera pas, il a des trucs à faire pour le travail. Et Monique (Olivier) non plus, elle est dans l’année du bac et reste pour étudier. Quant à Max (Mannes), il a encore une chance de se qualifier, il tentera de le faire la semaine prochaine, lors des championnats de Belgique auxquels participe le SL.

Pour Raphaël, ces championnats d’Europe sont un des rendez-vous de la saison. Au vu de sa forme actuelle, il devrait être capable de faire de belles choses. Et comme il est déjà allé en finale à Stettin (2011), il devrait être capable d’y retourner. Être en finale, c’est l’objectif. Mieux, ce sera compliqué car, chez eux, les Israéliens sont redoutables. Et on peut s’attendre à ce qu’il y ait quand même quelques nageurs plus forts que Raphaël donc, une médaille semble compliquée.»

Au vu de la semaine, peut-on se projeter sur Rio et savoir qui peut y aller ?

«On a déjà Laurent et Raphaël qui se sont qualifiés et sont certains d’y aller. Ensuite, si on regarde, Julie n’est vraiment pas très loin. Je pense qu’elle a de très grosses chances d’y aller. Monique Olivier, sur 800 et sur 400  m nage libre, peut également y aller. Même si elle est à 13 secondes de la norme A, si elle réalise une belle norme B, je pense que c’est possible. Quant à Julien Henx, il est pour le moment relativement loin mais lui a vraiment besoin d’être reposé pour pouvoir nager vite. Ce qui n’était vraiment pas le cas à l’occasion de ces étapes de Coupe du monde. Donc, pour résumer, on peut dire qu’il y en a deux sûrs. Et que trois peuvent éventuellement les rejoindre à Rio.»

Romain Haas

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