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The Majestic Unicorns from Hell : « On ne fait toujours pas de la pop ! »


The Majestic Unicorns from Hell, discret quatuor du Luxembourg, sait remuer les foules avec des sonorités à la fois puissantes, techniques et réfléchies.

Depuis 2009, The Majestic Unicorns from Hell ne fait rien comme les autres, avec ses sonorités disparates et son entêtement à se passer d’un chanteur. Le quatuor metal sort ce vendredi un second album, A Matter of Less in More.

The Majestic Unicorns from Hell,en dehors de son nom à rallonge, entretient sa singularité en refusant de s’appuyer sur un chanteur. Il en résulte une musique libre aux multiples influences, remuante et aventureuse. Thierry Didelot, le bassiste, en dévoile un peu plus.

Le Quotidien : Vous sortez ce vendredi A Matter of Less in More . Un second album en sept ans, c’est mince, non?

Thierry Didelot  : Il faut relativiser. C’est surtout depuis 2011 que l’on est en activité de manière sérieuse, avec des répétitions régulières et des concerts. Jusque-là, c’était plus insouciant… Sortir un album tous les quatre ans, non, ce n’est pas notre truc!

Justement, votre premier disque, Valde purgamentum , est sorti en 2013. Depuis, avez-vous cherché à sonner différemment?

Le premier album réunissait nos premiers élans musicaux, sorte de patchwork diversifié de morceaux. Là, A Matter of Less in More est plus contenu, et présente un visage plus mélodique, plus technique et plus heavy. Après, notre démarche reste toujours instrumentale, avec toutefois l’ajout de quelques samples. Mais rien de révolutionnaire. The Majestic Unicorns from Hell ne fait toujours pas de la pop!

Un groupe sans texte induit-il forcément l’absence de thématique?

Sans chanteur, c’est en effet plus compliqué de faire passer des messages (il rit) . On ne parle donc pas de politique, et l’on ne compose pas de chansons d’amour… Même les titres des chansons sont anecdotiques et ne veulent pas dire grand-chose.

Et derrière le nom de l’album, y a-t-il une piste à creuser?

Disons que cette appellation insinue que la simplicité est préférable à la complexité. Alors oui, cet album est sûrement plus direct, mais certains de ses passages sont difficiles. Le titre illustre, d’une certaine manière, le conflit entre les deux.

Vous avez déclaré dans nos colonnes, récemment, que « le fait de n’avoir pas de chanteur évite d’être catégorisé ». Est-ce un postulat que vous défendez toujours?

Oui, bien sûr. D’ailleurs, on nous voit souvent comme un groupe de metal instrumental, genre Animals as Leaders ou Pelican, ce qui n’est pas le cas. Nos influences sont bien plus larges et vont du stoner au jazz. On y trouve même du dubstep! Bien sûr, il y a des éléments plus traditionnels, à la Anthrax ou encore Pantera. Dans ce sens, si un jour on devait avoir un chanteur, il ferait probablement du metal. C’est pour cette raison qu’on n’en veut pas pour l’instant.

Avez-vous déjà tenté le coup?

Un copain, Cico (Uranami), nous a envoyé sa version de Valde purgamentum , en y ajoutant du rap en italien! C’était bon, ça avait un côté « crossover », un peu à la Rage Against the Machine, mais ça ne correspondait pas à nos envies. Après, il ne faut jamais dire jamais. Si on tombe sur une perle rare, pourquoi pas…

Quelles sont les réactions du public face à l’absence de frontman?

À la base, les retours sont positifs –  et c’est pour cela que l’on continue dans la même voie  – même s’il y a débat  : certains aimeraient entendre un chanteur, d’autres non, comme mes parents! Ces deux sons de cloche, c’est assez rigolo… Pour satisfaire tout le monde, il faut imaginer les instruments comme des voix.

Justement, cela implique-t-il de proposer inévitablement une musique riche et non linéaire, pour pallier l’absence de chanteur?

C’est totalement ça! Déjà, nos morceaux n’ont pas de structure classique couplet-refrain, ce qui nous offre de nombreuses possibilités dans les compositions. Ensuite, et ça va dans le même sens, on ne s’interdit rien. Même si une idée ne fait aucun sens, on va l’essayer quand même! Pallier l’absence de chanteur nécessite de trouver un équilibre entre des passages « catchy » et d’autres plus techniques. Car il faut à la fois contenter les danseurs et les geeks (il rit) .

En somme, cela implique une plus grande exigence musicale…

Oui, tout à fait. Et, parallèlement, ça laisse libre cours à l’imagination de chacun. Tout le monde y voit ce qu’il ressent, juste à travers ce que les instruments « racontent ».

Est-ce également comme cela que vous composez?

Si quelqu’un débarque avec une idée en tête, on se lance immédiatement et on enregistre sur nos smartphones. Ça peut toujours servir… Après, tout n’est pas aussi spontané car la musique réclame un long processus de maturation. Le premier morceau de A Matter of Less in More , on l’a déjà joué en live en février 2014.

Faire un album, c’est un travail qui s’étale sur de nombreux mois. Mais c’est vrai aussi que l’on est tout le temps dans une phase de création. Dimanche dernier, en répétition, par exemple, on a joué quelque chose pour s’échauffer, et à la fin, on était tous les quatre dessus! C’est peut-être même la première composition de notre prochain album…

Quels sont vos projets, vos envies à court terme?

Déjà prendre du plaisir sur scène vendredi (NDLR  : demain) avec Trail of Scion, un autre groupe luxembourgeois, et aussi le lendemain, pour une sorte de seconde « release » au Lucky’s Luke, un club sympa à Trèves. Sinon, on est aussi partants pour les festivals d’été. À bon entendeur…

Grégory Cimatti

The Majestic Unicorns from Hell. De Gudde Wëllen – Luxembourg. Vendredi 12 février à 21 h. Support : Trail of Scion.

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