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« Snowden » d’Oliver Stone : naissance d’un lanceur d’alerte


Joseph Gordon-Levitt interprète à merveille Edward Snowden. (photo DR)

Oliver Stone signe, à 70 ans, « Snowden », un film qui tient tant du biopic que du thriller. Un film d’engagement consacré au lanceur d’alerte toujours exilé à Moscou.

Et cette semaine, le cinéaste présente Snowden, son nouveau long métrage qui tient tant du biopic que du thriller, entièrement consacré à Edward Snowden, 33 ans, informaticien, ancien employé de la CIA et de la NSA, et lanceur d’alerte exilé à Moscou…

« Je l’ai rencontré, et c’est un privilège, dans des bureaux ou des chambres d’hôtel », raconte Oliver Stone qui, dans le passé, a signé entre autres Platoon, Wall Street, JFK ou encore Natural Born Killers. «Il m’a raconté des choses qu’il n’a jamais dites à qui que ce soit. Il est important de parler de lui et de ce qu’il a fait : révéler les agissements de la NSA, l’agence de sécurité nationale ! Personne d’autre n’avait fait ça auparavant.» L’an passé, la documentariste Laura Poitras avait présenté Citizenfour, déjà centré sur l’histoire d’Edward Snowden, mis en lumière le cas de la «surveillance généralisée» et reçu l’Oscar du meilleur documentaire.

«Mon film n’a rien à voir avec ce documentaire», tient à préciser Olivier Stone qui, pour Snowden, a disposé d’un budget de 50 millions de dollars et pu tourner les dernières scènes de son film à Moscou, chaleureusement accueilli par Vladimir Poutine. Avec ce nouveau film et après l’échec dans sa tentative de tourner un biopic sur Martin Luther King, le réalisateur américain avait à cœur de prouver qu’il reste un cinéaste d’engagement – même si le qualificatif ne lui plaît guère. Prouver aussi qu’il est plus à l’aise dans l’exercice frontal de la dénonciation que dans la pseudo-fiction. Pourtant, il s’était juré de «ne plus faire ce genre de films. De ne plus m’approcher de ces idéalistes, ces hommes de conscience. Ils me brisent le cœur…»

Mais voilà, un jour, Anatoli Koutcherena, l’avocat russe d’Edward Snowden, contacte le producteur Moritz Borman, lui indique qu’il a écrit une fiction («un roman à la Dostoïevski», précise-t-il) grandement inspiré par son expérience avec l’informaticien-lanceur d’alerte, et lui confie qu’il souhaite rencontrer Oliver Stone pour une adaptation ciné. Le réalisateur accepte de tourner le film, à une condition : «On avait seulement l’idée que nous pourrions le faire à travers son histoire si nous décidions d’en faire une fiction.»

Avec, pour personnage principal, ce jeune homme qui découvre à la NSA l’ampleur insoupçonnée de la cybersurveillance. À l’époque, Snowden comprend que l’agence de sécurité, violant allègrement la Constitution, engrange des tonnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer.

Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden, parfaitement interprété par Joseph Gordon-Levitt, avant leur publication. Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis. Pourtant, et c’est le réalisateur américain lui-même qui la pose, la question surgit, terrible : les lanceurs d’alerte peuvent-ils vraiment changer, par leurs révélations, la marche du monde ?

Ultime confidence d’Oliver Stone qui signe, là, un film efficace pour le bien commun : «J’en suis arrivé à un point où je continue à faire ce que je fais, mais sans m’attendre à des retombées spectaculaires.»

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

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