Accueil | Culture | Olivier Cabrera : « Les poètes sont de grands rêveurs !»

Olivier Cabrera : « Les poètes sont de grands rêveurs !»


À l'image du poème «Du caramel dans la bouche» de Marie Combelles, ce recueil collectif est une gourmandise, une petite douceur à déguster sans modération. (Montage : Damien Giuliano)

En ce début mars, le Messin Olivier Cabrera publie Hommages poétiques aux oubliés fantastiques (tome 2). Un recueil de poèmes collectif et caritatif, qui, à son image, sort de l’ordinaire. Et ça vaut vraiment le détour !

C’est un drôle d’oiseau qui vient tout juste de fêter ses 31 ans. Enseignant, écrivain, coureur, Olivier Cabrera est un peu tout cela à la fois… Un talent aux multiples facettes. Un ovni, aussi, qui voit la vie en rose depuis quelques mois. En ce froid et lumineux vendredi d’hiver, il se promène. Prend sa bouffée d’air pur quotidienne. Contemple la nature et scrute le ciel. Le vent s’engouffre par moments dans le téléphone. Quand, soudain, surgit le bruit… d’une tondeuse à gazon ! Mais il en faudrait bien plus pour l’empêcher de nous parler de sa dernière aventure littéraire, Hommages poétiques aux oubliés fantastiques (tome 2), son… 11e ouvrage.

Quand avez-vous attrapé le virus de la poésie ?

Olivier Cabrera : J’ai composé mes premiers poèmes en 2010 quand j’étais à HEC. Mais la poésie est vraiment arrivée de façon régulière dans ma vie en 2017/2018. Le style de la poésie correspondait à ce que je vivais en course à pied avec ce côté un peu mystique, magique, musical. J’avais déjà écrit des récits de course, mais je voulais exprimer ce rapport particulier que j’avais avec la course à pied, plus ou moins  »poétique ». C’est venu comme ça, comme une sorte d’inspiration personnelle. En fait, le ressenti, l’expérience, les sensations, les rencontres m’ont poussé vers la poésie.

D’où vous est venue l’idée d’un recueil formé de poèmes-hommages ?

Ça part d’un constat. J’avais le sentiment que, dans notre quotidien, des personnes, des professions méconnues ou des choses n’étaient pas assez mises en valeur. Les pompiers, des femmes qui avaient été tuées par leur conjointce sont ce que j’appelle des  »Oubliés fantastiques ».  »Oubliés », parce qu’à la différence des personnalités politiques ou des stars (chanteurs, footballeurs, etc.) qui vont monopoliser l’attention, on n’en parle pas forcément alors qu’ils représentent l’essentiel et sans quoi la vie n’aurait pas tant de sens.  »Fantastiques », parce qu’ils réalisent chaque jour des prouesses, des choses extraordinaires, loin d’être anecdotiques. L’écriture, c’était ma façon à moi d’exprimer mon indignation, d’immortaliser ces héros de tous les jours et de leur redonner une autre vie.

Ne jamais oublier de rire de soi Olivier Cabrera

© Extrait d’Hommages poétiques aux oubliés fantastiques (tome 2).

Pourquoi avoir ouvert ce recueil à d’autres plumes que la vôtre ?

J’avais déjà procédé de la sorte pour Running en poésie (tome 3) : 25 poètes, une passion (2019). Et je dois dire que ce livre avait rencontré un beau succès, bien au-delà de mes espérances ! J’avais été surpris par la qualité et la diversité des contributions. Dans un recueil collectif, il y a des plumes variées, des thèmes bourrés d’originalité. Pas seulement des poèmes très structurés avec des strophes de 4 vers (il rit de lui-même). Donc, après avoir écrit le premier tome d’Hommages poétiques seul, je me suis dit que rassembler ces styles, ces visions d’auteurs différents dans un même ouvrage, dans une logique d’échange et de partage – car je tiens à rappeler que c’est aussi un projet caritatif –, ça pouvait être sympa. D’autant que le format était totalement libre, tant sur la forme (poésie ou prose, rimes ou pas) que sur le fond et la longueur.

Lequel ou lesquels des poèmes vous ont le plus marqué dans ce tome 2 ?

À la lecture des différents types d’hommages (à une personne chère, à un animal, à une passion, à une course, etc.) vous verrez qu’il n’y a pas de monotonie, on passe par un florilège d’émotions. Du rire aux larmes… Mais moi, ce qui me remue le plus, c’est quand je sens que la personne qui écrit derrière, a sorti quelque chose du plus profond d’elle-même, qu’elle s’est enlevée une épine du fond du cœur, lorsque je l’imagine pleurer derrière sa feuille. Dans ce tome 2, il y a 3 poèmes qui m’ont donc un peu plus touché que les autres : un de Régine Bertoli (À l’absent), un de W.A.S.P. (À toi qui n’es pas et ne sera jamais) et celui écrit il y a près de 30 ans par Barbara Lambert (Je voudrais vivre dans mes rêves).

Un coucher de soleil Elodie Millet

© Extrait d’Hommages poétiques aux oubliés fantastiques (tome 2).

Ce ne doit pas être si courant que cela qu’un poème écrit il y a 30 ans se retrouve après tout ce temps dans un recueil collectif, non ?

Barbara Lambert avait 16 ans, je crois, quand elle l’a écrit dans son carnet, une sorte de journal intime. C’est simple, c’est le seul qui est en photo dans le recueil. Elle hésitait à le mettre tel quel, car il y avait une faute d’orthographe… Mais je lui ai dit  »on s’en moque quoi, car il est tellement plus fort que ça, ton poème ! ». Il se situe à la période de l’adolescence, entre idéalisme et déception, le rêve du grand amour et les histoires qui, finalement, ne donnent rien. Aujourd’hui, elle a 44 ans, une fille, est médecin, a forcément évolué mais elle a conservé cette même sensibilité, cette forme d’humanité qu’on perçoit dans ses écrits déjà à ce moment-là. Pour tout vous dire, Barbara fait partie des 5 plus belles personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie !

Un poète est-il avant tout un idéaliste ?

La poésie, c’est permettre un émerveillement par rapport à des choses qui peuvent sembler banales. Là, par exemple, je me promène et je vois un ciel bleu avec un léger voile, des nuages au loin avec une forme un peu bizarre. Pas grand monde voit ce spectacle. Ben voilà, mais moi je m’en réjouis pendant que je vous parle. C’est notre façon de voir les choses qui va les rendre fantastiques. Un poète, c’est quelqu’un qui va prendre de la distance et de la hauteur vis-à-vis de la réalité. Et c’est un peu comme le poème de Barbara (Lambert) finalement : l’imagination va déboucher sur la poésie quand la réalité ne suffit plus. Donc oui, les poètes sont forcément de grands rêveurs ! Rêver de ces choses-là, par exemple d’un amour avec un grand A, c’est aussi avoir l’espoir qu’elles se réalisent un jour ! Alors, comme l’a écrit Barbara en guise de prolongement de son poème d’il y a 30 ans :  »Ne cessons jamais de rêver et prenons le temps de vivre et d’aimer. »

Entretien avec Ismaël Bouchafra-Hennequin

Hommages poétiques aux oubliés fantastiques (tome 2) : 22 plumes, 86 hommages. Recueil collectif sous la direction d’Olivier Cabrera. Le livre peut être commandé directement sur Amazon ou par e-mail à olivier.cabrera@hec.edu. Format numérique/PDF disponible auprès de cette même adresse (pour 5 euros ou plus). Les bénéfices des ventes seront reversés à SOS Villages d’enfants et à l’Association Leucémie Espoir 57.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.